Au mois de mai, un court-métrage, « L’homme Caméléon », a été tourné dans la région par « Les productions du Rossignol ». Un biopic un peu décalé du fondateur de cette maison de production, Jonas Graf. Nous avons assisté au tournage de l’une des scènes ; un plongeon incroyable dans l’univers du cinéma.
Nous ne le dirons jamais suffisamment, le Chablais est une région magnifique, peuplée de personnalités diverses et variées tout aussi magnifiques. Et quand nous parlons de petit ou grand écran, plusieurs noms nous viennent à l’esprit comme feu Francis Reusser (lire article paru dans l’édition n° 142), réalisateur qui a vécu de longues années à Bex.
Portrait d’un passionné
Mais ce n’est pas le seul Chablaisien qui évolue dans cet univers. La preuve en est avec le Tatschis, Jonas Graf, cinéaste et vidéaste professionnel. A moitié Suisse et à moitié Canadien, il a obtenu son diplôme en cinéma de l’école de Lausanne (en visio-conférence), ainsi qu’à l’école de cinéma et de télévision du Québec. « J’ai amorcé mon parcours dans le milieu en tant que figurant. N’ayant ni contacts préalables, ni collègues d’études dans ce domaine, j’ai choisi la voie la plus simple pour m’y immerger », confie-t-il.
Jonas Graf n’a de cesse d’évoluer dans ce domaine, passant de la figuration à des rôles plus significatifs, tels que monteur image, second ou premier assistant réalisateur et assistant de production. En parallèle, il évolue en tant que réalisateur indépendant, accumulant une expérience riche avec une septantaine de projets audiovisuels divers à son actif. C’est ainsi qu’il a lancé sa propre boîte de production en 2024. Il collabore avec Clémentine Millon, secrétaire. Les deux passionnés travaillent sur commande, mais réalisent aussi leurs propres courts-métrages.
Finalement, en plus d’avoir contribué à la création de contenus pour sa compagnie au sein de l’armée suisse, il est président de l’association « La Fine Equipe » dédiée à l’organisation d’événements cinématographiques. Cette association orchestre un concours de court-métrage annuel ainsi que des soirées de projection, offrant une diffusion aux talents émergents et passionnés de cinéma. Si, jusqu’alors, le concours annuel se tenait à Villars, un nouveau lieu est recherché ; dans cette attente, l’édition 2024 a été annulée.
Les travaux en cours
Actuellement, « Les productions du Rossignol » comptent un documentaire en post-production. « Ibiza : l’île aux multiples facettes » nous plonge au cœur de cet archipel espagnol. « Il s’agit d’un documentaire captivant qui dévoile les trésors cachés de cette destination bien connue pour ses plages et ses boîtes de nuit. Loin des clichés festifs, le film explore les traditions ancestrales et les richesses naturelles d’Ibiza. Les spectateurs découvrent la fabrication de l’huile d’olive, un savoir-faire transmis de génération en génération, ainsi que le fromage de chèvre local, produit par des artisans passionnés. Le documentaire plonge également dans l’histoire mystique de l’île en présentant le culte de la déesse Tanit, une divinité phénicienne vénérée depuis des millénaires. A travers des paysages pittoresques et des rencontres authentiques, « Ibiza : l’île aux multiples facettes » révèle une île méconnue, riche en culture et en traditions », indique Jonas Graf. Ce court-métrage sera diffusé dès le mois de décembre dans les salles de cinéma en Suisse romande, mais aussi sur la chaîne de télé d’Ibiza. En prime : la réalisation d’une version en anglais afin de la présenter au Festival international du court-métrage de Winterthour qui se tiendra du 5 au 10 novembre prochain.
« L’homme Caméléon »
Au mois de mai, durant quatre jours intenses, « Les productions du Rossignol » ont tourné « L’homme Caméléon » entre Gryon et Villars. Une occasion unique d’assister aux toutes premières heures de la production de ce court-métrage ; du maquillage des acteurs à la réalisation de la première scène qui s’est faite dans la maison familiale du producteur, à la Barboleuse.
Il est 13h. Le tournage commence dans moins d’une heure, et la maison grouille de vie. Séance maquillage pour les acteurs, discussion animée entre le producteur et l’équipe technique, installation des caméras et des micros. Chacun semble à sa place et sait ce qu’il doit faire. Les minutes s’égrènent et le tournage semble imminent. Le clap de tournage est sorti, la première scène va débuter. « Silence sur le plateau… Scène 7.1, prise 1, action ! »
« L’homme Caméléon » est un film autobiographique, un biopic comme on l’appelle dans le jargon, sur Jonas Graf. Bien sûr, nous sommes au cinéma et certaines libertés sont prises. Mais le jeune âge du protagoniste, 26 ans, questionne ; a-t-il déjà tant à dire sur sa vie ? « En réalité, il s’agit d’une partie de ma vie… J’étais un grand dragueur. Mais un dragueur qui mentait aux filles. Je cachais mon véritable âge. Je me suis mis à dos pas mal de conquêtes. Aujourd’hui, j’ai compris mes erreurs et j’arrive à en parler. A ma manière… », explique-t-il. Une belle revanche sur la vie pour le cinéaste actuellement célibataire. Mais… attendez une seconde… « A votre manière », dites-vous ? « Oui, car dans le court-métrage, je mens également sur mes études et mon métier. » Pour jouer son rôle, Jonas Graf a engagé un acteur, François Daces. « Mais je ferai tout de même un caméo ! »
La réalisation de ce court-métrage a coûté environ 4’000 francs et demandé des mois de travail avant et après le tournage. Pour ce dernier, cinq acteurs ont été engagés et l’équipe technique était composée de dix professionnels. La sortie est prévue à la fin de cette année et le film sera présenté à des festivals ainsi qu’à des concours.
En attendant, Jonas Graf continue d’écrire son histoire, avec peut-être à la clé un autre futur biopic. Sa prochaine aventure se jouera aux côtés de Nicolas Stravinsky, en tant que premier assistant réalisateur pour un court-métrage.
- Photos : Zoé Gallarotti et B. Gallarotti