Annonces

Annonces

Annonces

Phase 2.0 du Grainier : devenir une ferme autosuffisante

Le Grainier, ferme bio-intégrée, a ouvert ses portes en 2014. Après avoir stabilisé son entreprise, Serge Girardin entre maintenant dans une deuxième phase : s’affranchir des intrants externes tels que l’eau et l’électricité.

 

Un cadre unique
Un cadre unique

 

L’inflation du prix des denrées alimentaires est à son plus haut niveau. COVID, guerre et hausse des prix de l’énergie en sont les causes, tout comme les pertes de récoltes mondiales de ces dernières années. Il est peut-être temps d’apporter un autre regard sur la provenance des aliments qui trouvent leur place dans notre assiette. Des tomates toute l’année dans les grandes surfaces ? Oui, mais à quel prix ? Et, surtout, de quelle qualité ? Le peu de variété dans les rayons nous pousse souvent à consommer des produits qui ne sont pas de saison et qui ne proviennent pas de notre région ! Pourtant il existe des solutions. La preuve, le Grainier, dont les terres s’étendent sur 6 hectares à Bex, dispose de plus de 3’500 variétés de graines différentes. À titre d’exemple, plus de 400 variétés de tomates y sont cultivées !

 

Un petit tour du propriétaire

Sept personnes sont employées par l’entreprise, dont deux apprenants. « Le but est de transmettre notre savoir », indique Serge Girardin. Mais le Grainier compte aussi sur l’appui de nombreux collaborateurs de différents horizons : migrants, professionnels, stagiaires, placements sociaux, etc. « Nous intégrons les principes de la permaculture, de l’économie sociale, solidaire et circulaire. Notre mission est de réhabiliter le métier de grainier ou marchand-grainier. »

 

Plus de 1’000 plantes comestibles : plantes aromatiques, médicinales, arbres fruitiers sauvages ou domestiques, fleurs et légumes
Plus de 1’000 plantes comestibles : plantes aromatiques, médicinales, arbres fruitiers sauvages ou domestiques, fleurs et légumes

 

Le Grainier se distingue à travers quatre activités : les semences, les plantons, le maraîchage et le laboratoire. Pour commencer, « Les Jardins du Grainier » proposent une importante gamme de plantons de légumes, de fleurs, de plantes vivaces médicinales ou aromatiques, de petits arbustes fruitiers : soit plus de 600 variétés. « Nous luttons contre les maladies grâce aux insectes et microorganismes », précise Serge Girardin.

 

« Les Jardins de la Biodiversité », quant à eux, jouent un rôle crucial dans la préservation de nombreuses espèces telles que les insectes, les oiseaux, les batraciens, les reptiles et autres mammifères, ainsi que pour la réhabilitation de différents animaux ; les couleuvres ou les hermines, pour ne citer qu’elles. A travers des buttes en permaculture sur des thèmes différentes (culture celtique, japonaise, chakras, etc.), plus de 1’000 plantes comestibles (plantes aromatiques, médicinales, arbres fruitiers sauvages ou domestiques, fleurs et légumes) s’harmonisent entre elles au gré des saisons, formant maints îlots bénéfiques pour la faune. « Il s’agit d’un laboratoire dans lequel nous mélangeons des plantes afin d’observer comment elles fonctionnent entre elles sans s’en occuper. Nous produisons ainsi vingt-cinq variétés de menthe ou encore plus de soixante variétés de sauge. Nous comptons aussi plus de 50 variétés d’abeilles et de guêpes : c’est ça la biodiversité ! »

 

 

Des paniers aux marchés hebdomadaires (les mercredis), en passant par la vente directe sur place pour les plantons, les produits de cette ferme 100% bio sont disponibles tant aux entreprises qu’aux particuliers ; ces derniers représentent 80% de la clientèle.

 

Le Grainier en trois phases

Dès le départ, Serge Girardin s’est fixé des objectifs. Plus précisément : trois phases. La première était de créer un modèle de micro ferme viable. Cet objectif étant atteint, le Grainier entre aujourd’hui dans la deuxième phase : s’affranchir des intrants externes tels que l’eau et l’électricité, et stabiliser le modèle. Bien entendu, une telle transition ne se fait pas en un jour.

 

Notons que la ferme est déjà attentive et concernée par ces changements. Le chauffage des serres se fait sous les tables sur lesquelles les plantes sont entreposées ; ceci dans le but d’éviter la déperdition de la chaleur. Elle est en outre déjà indépendante, que ce soit au niveau des semences, des plantons, des traitements naturels et de l’engrais, et partiellement indépendante concernant l’électricité et l’eau.

 

Pour cette dernière ressource, le Grainier dispose de trois bassins de récupération d’eau de pluie. Elle est ensuite transportée avec des tuyaux jusqu’aux plantations. L’écoulement se fait au goutte-à-goutte, afin de fournir à la plante, de façon ciblée, la juste quantité nécessaire. D’ici l’été 2024, le Grainier espère pouvoir construire une roue à aube ainsi qu’un bisse qui fera transiter l’eau de la Gryonne jusque dans les bassins de récupération. « Elle est chargée d’alluvions et de minéraux qui sont intéressants pour l’agriculture. L’idée est de prélever ces éléments avant de rejeter l’eau dans la rivière. Le bisse sera fait de virages ; un mode naturel qui favorisera la biodiversité », explique Serge Girardin. Bien entendu, ce projet doit être validé par la Municipalité ; une démarche qui prendra du temps.

 

L’écoulement se fait au goutte-à-goutte, afin de fournir à la plante, de façon ciblée, la juste quantité d’eau nécessaire
L’écoulement se fait au goutte-à-goutte, afin de fournir à la plante, de façon ciblée, la juste quantité d’eau nécessaire

 

Concernant l’électricité, la ferme prévoit, dès ce printemps, l’installation de panneaux solaires intérieurs. Ce projet se développe avec la start-up Voltiris. L’innovante solution de Voltiris permet aux propriétaires de serres de produire de l’énergie renouvelable pour alimenter leurs tunnels tout en cultivant efficacement. En effet, cette technologie laisse passer les composantes de la lumière nécessaires aux plantes (principalement rouge et bleue), tandis que le reste (vert et quasi-infrarouge) est réfléchi et focalisé sur un module photovoltaïque. « Nous allons entrer dans une étape de tests avec un module de 100m2 qui permettra de faire tourner les turbines qui irriguent nos plantes. Nous étendrons ensuite le système. »

 

L’agriculture biologique compte également sur un allié de taille : le compost. Ses bienfaits sont nombreux – les sols sont plus riches, moins malades, leur rétention d’eau augmente, les nutriments s’y diffusent plus facilement et rapidement, etc. – et il remplace aussi et surtout l’utilisation de produits chimiques. L’exploitation bellerine prévoit donc la réalisation de sa propre compostière en collaboration avec la commune et d’autres acteurs locaux.

 

Cette deuxième étape s’étendra sur plusieurs années. Au terme de celle-ci, la troisième et dernière phase verra la réplication du modèle existant ; peut-être même sous différentes formes, avec la culture de vergers, par exemple.

 

Programme 2023

Le printemps débarque, les bourgeons fleurissent et le Grainier se colore. Il participera à différents événements tels que les Bucoliques à l’Abbaye de Sallaz à Ollon les 28, 29 et 30 avril, le marché – ateliers des Futaies au Diable Vert à Bex les 14 et 15 mai, ou encore au marché à la Pépi à Bex le 21 mai.

 

A partir du 1er mai, jusqu’au 30 octobre, la ferme ouvrira au public, sur demande, son Jardin de la Biodiversité. « Il ne s’agit ni d’un jardin botanique, ni d’un jardin d’agrément, contrairement à ce que beaucoup pensent », rappelle Serge Girardin. Le 26 août, elle accueillera la population à l’occasion de son festival de la tomate. En prime, différents ateliers seront programmés chaque saison et des tutos sur le jardinage biologique seront partagés gratuitement sur le site internet du Grainier.

 

Pour conclure, d’ici cet été, une roulotte Bed & Breakfast verra le jour dans le potager. Ce logement amovible permettra aux locataires de s’immerger dans le monde de l’agriculture et de la culture maraîchère.

Des clichés qui ont la vie dure

En Suisse, on connaît la barrière de Rösti, mais il existe également une barrière entre l’agriculture biologique et conventionnelle. « A ce jour, les formations n’abordent que succinctement la culture biologique. Cela ne représente que quelques semaines sur l’entier du cursus. Ce domaine est engoncé dans un siècle d’habitudes. Les agriculteurs pensent d’ailleurs que c’est impossible de vivre du bio. Ils n’ont connu que les machines, les pesticides et les produits chimiques, contrairement aux anciennes générations. Pour beaucoup, nous sommes considérés comme des guignoles qui faisons des choses spéciales ; ce sont leurs termes ! De plus, les lois actuelles sont trop vieilles et pas adaptées à notre domaine », relève Serge Girardin avant de poursuivre : « Les exploitations comme le Grainier sont rares, notamment en Suisse romande. Ça fonctionne pourtant bien du côté alémanique car il y a un marché derrière, les gens sont plus ouverts et les producteurs fournissent plus de variétés, ils ne sont pas cantonnés aux produits principaux tels que le blé ou encore le maïs. Mais que l’on s’entende, je ne suis pas contre le conventionnel, mais pour une agriculture raisonnée et raisonnable. »

 

Informations

www.legrainier.com
info@legrainier.com

Partagez l'article
Share on facebook
Share on twitter
Share on linkedin
Thêmes

Article écrit par

Zoé Gallarotti

Zoé Gallarotti

Rédactrice en chef

2 commentaires

  1. Habite en montagne et ne connaissais pas le Grainier. Me réjouis de venir y faire un tour pour acheter des plantons, mais pas avant fin mai début juin car pour le moment les températures sont basses.

  2. Félicitations pour ce magnifique reportage et article. En tout cas ça donne envie d’y passer.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dans la même catégorie

Point Chablais
Share on facebook
Facebook
Share on twitter
Twitter
Share on linkedin
LinkedIn