Lettre ouverte de la rédaction
Ça pousse dans tous les coins, ces nouvelles constructions nous gâchent la vue, mais n’ont pas qu’un effet visuel, elles transforment la région en cité-dortoir sans que cela ne paraisse choquer la population…
On le sait, le commerce local souffre. Il suffit de discuter un peu avec les patrons des entreprises de la région, toutefois faut-il encore s’y rendre. Les habitants préfèrent encore traverser le Rhône pour aller faire leurs courses dans de grands centres commerciaux. On en parlait d’ailleurs le mois dernier dans un article intitulé «La mort des petits commerces !» Mais on a beau dire, on n’en parle pas suffisamment. Ces dernières années, des immeubles ont poussé dans notre région telle de la mauvaise herbe. Ils ont même poussé plus vite qu’ils se sont remplis. Ainsi, il y a de quoi loger un bon nombre de personnes encore. Notons également que la région a subi une hausse importante des loyers. Certains viennent de Lausanne, par exemple, et proposent des loyers hors de prix et pas du tout cohérents avec le marché local. On nous parle alors du développement des centres-villes afin de favoriser l’implantation des petits commerces. Mais là encore c’est le serpent qui se mord la queue. Si les habitants ne font pas l’effort de s’intéresser à la vie de leur propre ville ou village, ces commerces ne feront pas long feu. D’autres prendront leur place et ainsi de suite.
Quelques chiffres
Au vu du nombre toujours croissant de la population, que ce soit sur Aigle, ou sur Bex, on est enclin à penser que ces chiffres ont battu des records ces dernières années avec toutes ces nouvelles constructions. Après quelques recherches, il s’avère que ce n’est pas tout à fait exact. Commençons par la Cité du sel :
En 2001, la commune de Bex comptait 5950 habitants, tandis qu’en 2006, on atteignait les 5998. Nous constatons alors une très faible augmentation en cinq ans seulement. Pourtant, dix ans plus tard, le baromètre s’affole : nous comptons actuellement 7455 habitants, dont 2366 étrangers (chiffres de 2016).
Du côté d’Aigle, en 2001, la commune comptait 7510 habitant et 8235 en 2006. Les chiffres de 2016, montrent une légère diminution par rapport à 2015. Ainsi, on arrive à un total de 9760 habitants, dont 3843 étrangers, soit 34 habitants de moins que l’année précédente.
Le rythme est donc en train de se stabiliser, voire même de baisser. Nous sommes dans le creux de la vague. Pourtant, le Chablais est en constante évolution, pas facile donc de se projeter dans une vingtaine d’années. Où sont les limites, si tant est qu’il y en ait. Parfois on est en droit de se demander quel paysage restera-t-il après cette invasion bétonnée.
Et dans vingt ans ?
Même les politiques peinent à se projeter. De nombreux terrains constructibles sont encore verts. Que vont en faire leurs propriétaires. Au moins, à Bex, il est bon de noter qu’un tiers de la surface communale et habitée par des forêts et un autre tiers par des roches et pâturages. Ces zones sont donc, pour ainsi dire, protégées. Selon la Municipalité bellerine, «l’adaptation de la planification et de la législation cantonales à la Loi sur l’aménagement du territoire révisée requiert de redimensionner d’ici à 2021 les parties de zone à bâtir clairement surdimensionnées. En l’occurrence, le bilan des réserves de zone à bâtir établi à la fin 2014 montrait que la zone à bâtir de Bex située hors du périmètre de centre était nettement surdimensionnée et devait être réduite. La commune de Bex est donc tenue de réviser son Plan général d’affectation.»
Pour les communes du canton de Vaud, il est possible d’estimer le taux de croissance du nombre d’habitants d’ici à 2030 en se fondant sur une année référence : en l’occurrence 2014. Ainsi, le taux a été fixé à 0.75% de croissance annuelle pour les quartiers hors centre et 1.7% pour les centres.
Des estimations sont donc possibles, cela ne reste pour autant que des estimations, et, comme dit l’adage, seul l’avenir nous le dira…
