Un comptoir pour valoriser l’artisanat local

La coopérative QAP, «Qualité Avenir Partage», a pris place à la rue Farel 7 à Aigle. Le bâtiment classé monument historique est promu à un bel avenir grâce à une poignée de personnes qui œuvrent à la réalisation d’un projet, certes expérimental, mais unique.

 

Séverine Mengis aux côtés de Bruno Azoulay qui propose des conseils en informatique et de la réparation de matériel électronique tous les mercredis matin
Séverine Mengis aux côtés de Bruno Azoulay qui propose des conseils
en informatique et de la réparation de matériel électronique tous les mercredis matin

 

En passant devant la vitrine, notre regard est attiré et notre curiosité est piquée au vif. Sur le store extérieur on peut encore y lire, «Au vieux fournil», mais les délicieux pains et pâtisseries ont été troqués par un tout autre trésor qui ne manque pas, lui aussi, de régaler nos papilles. Ce n’est pas un café, pourtant nous sommes cordialement invités à boire un verre et papoter autour d’une table. Ce n’est pas un magasin comme les autres, d’ailleurs ce n’est pas un magasin, mais un comptoir d’artisans. À l’extérieur, une petite table invite à s’arrêter, à laisser ses problèmes derrière soit, ne serait-ce que le temps de profiter de l’instant présent. Quelques produits atypiques sont présentés sur un escabeau, comme par exemple des «Bee wrap», emballages malins en cire d’abeille local. À l’intérieur, des cageots en bois contenant des produits divers et variés y sont exposés. Chaque cageot appartient à un artisan, un artiste ou un paysan de la région qui définit lui-même ses prix : en contrepartie, un pourcentage raisonnable est reversé à la coopérative. Du café sauvage d’Ethiopie issu du commerce équitable ; le terme sauvage nous indique qu’aucun arbre n’est coupé pour sa production. Du jus de raisin ou des fromages produits par des paysans de la région. Mais également des sacs à main ou encore des meubles. On se croirait dans la caverne d’Ali Baba. Tous les produits proposés sont éco-responsables. Ceux venant de l’étranger sont eux aussi labellisés éco-responsables, bios, ou encore issus du commerce équitable ou même les trois à la fois. Ici on préconise une meilleure consommation, le recyclage et la réduction de l’impact sur les ressources épuisables. Mais on prône aussi le contact humain et le partage afin de retrouver une certaine humanité qui se perd avec le temps.

 

Un comptoir d’artisans accueillant
Un comptoir d’artisans accueillant

 

Ce comptoir d’artisans est également un lieu de rencontre dans lequel sont organisés régulièrement des ateliers. Cuisine (une cuisine entièrement recyclée est à disposition), cosmétique, bricolage, cours de guitare, soirées à thème, il y en a pour tous les goûts. Là encore, l’idée est de transmettre, mais surtout de valoriser le savoir intergénérationnel. Ici, les jeunes comme les retraités peuvent partager leurs connaissances. Il n’y a pas d’âge pour apprendre, pour mieux vivre et être en accord avec les valeurs de la coopérative : la qualité, l’avenir et le partage.

 

Un rêve encore plus grand

QAP, ce n’est pas qu’un comptoir d’artisans. Ce n’est pas qu’une pièce chaleureuse qui fait honneur à l’artisanat local. C’est un projet ambitieux qui, à terme, valorisera le bâtiment tout entier. Mais remontons le temps pour mieux comprendre cette coopérative et ceux qui en sont à l’origine. Présentons pour cela Séverine Mengis, qui a monté sa boîte de conseils en habitat durable à Noville, Teko’Home. Désireuse d’en faire plus, avec quelques-uns de ses collaborateurs issus de la construction écologique, ils ont acheté la maison sise à la rue Farel 7 pour y organiser un coworking. «Notre but était de nous y réunir pour partager nos connaissances et envies afin de monter un projet en commun. Finalement, nous avons trouvé ce bâtiment magnifique. Il aurait été dommage de le garder pour nous, caché des autres. C’est ainsi qu’est née l’idée de QAP. L’idée première a été d’ouvrir ce comptoir d’artisans. Mais nous souhaitons valoriser la totalité du bâtiment. Nous collaborons avec la commune et le SIPaL (Service immeubles, patrimoine et logistique) afin de rénover, mais surtout valoriser les lieux. Le but final étant de développer la mixité par la création d’espaces à vivre. «Je n’aime pas le terme logement. Les maisons actuelles sont trop grandes, donc pas adaptées, écologiquement parlant. Avec cette coopérative, nous souhaitons créer des espaces à vivre plus petits et moins chers, mais plus beau et de qualité. La grande particularité : la cuisine sera commune. Ce n’est pas une colocation car chacun aura son propre espace. Mais tous devront se responsabiliser par une utilisation rationnelle de l’eau et de l’énergie ainsi que par une gestion optimale des déchets. Nous souhaitons en outre favoriser le partage et la création de liens entre les différents voisins ; c’est notre cheval de bataille», explique Séverine Mengis. À terme, la coopérative espère acquérir d’autres immeubles classés afin d’étendre son projet. «Nous souhaitons ainsi préserver le patrimoine bâti qui est amené à être remplacé par des constructions neuves en béton et en plastique.»

 

Actuellement, la coopérative compte vingt et un membres âgés entre quatorze et huitante-quatre ans. Tout le monde peut la rejoindre, comme proposer un atelier ou une rencontre au comptoir. Ce projet humain en est encore au stade de l’expérimentation, mais il est totalement unique. Il ne tient qu’à la population aiglonne de le faire croître.

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Article écrit par

Zoé Gallarotti

Zoé Gallarotti

Rédactrice en chef

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