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Ollon ne céd(e)ra pas

Un livre de Michel Renaud, qui raconte la lutte des habitants d’Ollon (VD) contre un centre d’entreposage de déchets nucléaires.

 

La couverture du livre)
La couverture du livre)

 

1982 : Mickaël Jackson publie son album Thriller. Cette même année, c’est un tout autre thriller qui démarre pour les habitants d’Ollon. Les autorités du canton viennent de prévenir le syndic que leur village a été retenu pour une galerie de recherche. L’objectif ? Un projet de centre d’enfouissement de déchets nucléaires. Cette galerie exploratoire n’aurait pour seule ambition que de faire une cartographie géologique, pour la faisabilité du projet. Pourtant, Michel Renaud, alors membre de l’exécutif d’Ollon, sous la bannière du PS, est dubitatif : cette galerie, si elle est réalisée, du simple fait des travaux entrepris, risque de valider ce dépôt quels qu’en soient les résultats. C’est la crainte de se retrouver privé d’un droit de consultation démocratique, par le biais d’une politique du fait accompli, qui entraînera Michel Renaud à créer le CADO (comité anti déchets d’Ollon), qui s’opposera aux ambitions de la CEDRA (Société coopérative nationale pour l’entreposage des déchets radioactifs, NAGRA en allemand). C’est le début d’une épopée mouvementée qui durera 14 ans.


Un combat long de plus de 10 ans
Michel Renaud, auteur de l’ouvrage, revient sur cette odyssée : « Le CADO a été créé pour rassembler tous ceux qui voulaient lutter contre le projet, quelle que soit leur bannière politique. À l’époque, rassembler les Vaudois contre les autorités cantonales était difficile : les gens acceptaient les décisions officielles assez tacitement. Je pense que l’on accordait une grande confiance aux voies démocratiques, et peu de crédit à des manifestations publiques », indique l’auteur. Pour les Vaudois, « propre-en-ordre » c’était un véritable credo…

 

1982: l'année où le Chablais a failli devenir une poubelle radioactive
1982: l’année où le Chablais a failli devenir une poubelle radioactive

 

Le CADO a eu un premier succès populaire en septembre 1984. Un référendum a été organisé dans le cadre d’une loi vaudoise à propos du nucléaire. Ce fut un refus à 69.2 % du projet de dépôt. « La lutte a mutualisé tous les efforts des opposants aux projets d’enfouissement. Il y a même eu un soutien de la commune d’Evian, qui nous avait invités pour une séance d’information. Il ne s’agissait pas de lutter égoïstement en mode « pas chez nous », mais plutôt « nulle part en Suisse, il faut trouver une autre solution ». Dans cette perspective, nous avons donc rassemblé les opposants des autres sites pressentis à l’époque (Piz Pian Gran (GR) et Oberbauenstock (UR)). Comme nous avions plus de moyens que ces autres communes, c’est le CADO qui a financé la majeure partie de l’étude indépendante et globale du cabinet EUCOS, avec l’aide de la municipalité. Le fait d’avoir une formation en radiochimie, obtenue dans le cadre de ma fonction de collaborateur technique à l’EPFL, faisait qu’il était impossible de nous raconter des bêtises », nous dit Michel Renaud.

 

Une fin heureuse
Une fin heureuse

 

Les sympathisants du CADO sont déterminés, mais farouchement non violents. Ainsi, quand les autorités cantonales ont envoyé les gendarmes, accompagnés de maîtres-chiens, pour obliger les habitants à accepter les premières mesures, nul débordement. Face à l’autorité policière, point de casseurs enragés, mais des gens de tous âges, hommes, femmes et enfants. Que font ces terribles apôtres de la subversion et de la sédition, en cette journée du 21 décembre 1989, veille de noël ? un rassemblement pacifique. Leurs armes ? Des bougies. À ce moment, par cette démonstration de force, face à des gens pacifiques, le conseil d’État a perdu sa crédibilité.


Le projet sera abandonné en 1996, ainsi que les projets des autres sites pressentis depuis 1982. Même le projet du Wellenberg, alors très avancé, sera abandonné. Aujourd’hui, la CEDRA prospecte toujours, 3 sites sont à l’étude.


Cet ouvrage livre un témoignage inspirant sur le succès d’une lutte citoyenne face à des choix (ou non choix) en matière d’énergie. Peut-être peut-on le lire comme une prémonition des luttes actuelles liées à l’écologie et au climat ?

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Article écrit par

Loïc Vannier

Loïc Vannier

Journaliste

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