Le Temple du Polar – riche de plus de 18’000 livres – élira sa demeure entre les murs d’une Chapelle Nagelin rénovée. L’ouverture au public est attendue aux alentours de 2025. Ce projet unique en son genre ambitionne de créer un lieu de culture et de vie au cœur de la ville. Le Temple du Polar, la première bibliothèque et librairie spécialisée dans le polar (mais pas que), sera hébergée dans un temple religieux en activité.

La bâtisse

Située en face de la fameuse colonne qui indiquait les directions aux troupes de Napoléon Bonaparte, cette vieille dame a vécu ! Construite en 1865, son histoire se confond avec celle de l’Eglise Libre – un courant religieux qui demandait plus de liberté vis-à-vis de l’Eglise protestante vaudoise de l’époque, que l’on nommait Eglise nationale. En 1965, lors de la fusion entre l’Eglise Nationale et l’Eglise Libre, ce bâtiment est devenu propriété de la fraîchement fondée Eglise Evangélique Réformée du canton de Vaud (EERV). Et c’est en 1967 que la commune de Bex l’achète aux « libristes » sous condition que cette propriété puisse être utilisée en tant que lieu de culte pour la foi chrétienne.

L’état de détérioration du bâtiment a donné lieu à de nombreux questionnements de la part des élus de la commune ces dernières années. Malgré les inquiétudes concernant les investissements conséquents liés aux travaux, l’idée de créer un lieu d’inclusion sociale et de culture au cœur de la ville a convaincu la majorité des élus. Ils ont jugé que la rénovation en valait la chandelle et ont accepté le préavis autorisant la rénovation de la chapelle ainsi que l’exploitation conjointe du lieu entre la commune de Bex, l’EERV et l’Association Temple du Polar. Le budget total des travaux ainsi que des aménagements intérieurs et extérieurs avoisine les 2,7 millions, 450’000 francs étant financés par l’association.

Changements en vue

Outre l’assainissement des murs, une attention particulière concernant le faux-plafond s’est avérée nécessaire. L’ingénieur spécialiste des structures Nicolas Kohli -consultant pour ce projet- livre quelques explications ; « Pour que la bâtisse réponde aux normes actuelles, notamment celles liées aux risques sismiques, le choix de supprimer le faux-plafond a été la solution la plus économique et élégante. Ajouté lors de la rénovation de 1931, ce faux-plafond a surchargé la charpente en voûte augmentant la poussée sur les murs, provoquant leur écartement et produisant ainsi les fissures observables ». Il disparaitra afin de redonner à la chapelle son caractère d’origine, donnant à la voûte originelle toute sa place. Les futurs usagers de la chapelle pourront ainsi contempler la hauteur de plafond et les éléments néo-gothiques – comme la rosace ou les ogives de fenêtres – qui seront mis en valeur à l’intérieur de l’ouvrage. La construction d’une mezzanine permettra en outre de créer un espace de vie à l’étage.

Une histoire de collaboration

Une convention bipartie cadrera les investissements à faire. La Commune de Bex assumera les frais liés à la rénovation du bâtiment. L’Association Temple du Polar financera quant à elle son aménagement intérieur, la construction de la mezzanine ainsi qu’un ascenseur pour garantir l’accessible aux personnes à mobilité réduite. Une autre convention, cette fois-ci tripartie, sera signée par la Commune de Bex, la Paroisse des Avançons et l’Association Temple du Polar concernant les droits et prérogatives en matière d’utilisation. C’est donc grâce à un travail de concertation que toutes les parties prenantes de ce projet s’installent dans une dynamique « gagnant-gagnant ».

Une carte de visite pour Bex, un lieu qui donne des ailes à l’imaginaire !

Marc Voltenauer a envie de transmettre aux futurs visiteurs du Temple du Polar sa flamme, notamment lors d’ateliers d’écriture ou de soirées mettant les participants au cœur d’une enquête à résoudre, comme les « AuerMystery ». Et lorsque nous lui demandons si nous devons nous attendre à ce que la Chapelle Nagelin devienne le décor de l’une de ses intrigues, l’auteur affirme qu’il n’y a pas encore réfléchi. « Ce n’est pas encore au programme de tuer quelqu’un là-dedans », le dit-il sous un ton espiègle.

S’engager pour réaliser un lieu de vie ouvert à tous

A l’investissement initial de 450’000 francs, lié à la mise en œuvre du Temple du Polar, il faudrait pouvoir en disposer de quelque 200’000 francs annuels pour couvrir les frais de fonctionnement, tels que les salaires engendrés par les activités culturelles, artistiques et de formation. Si la réalisation de ce projet dépendra de la recherche et de l’engagement des personnes et institutions à son financement à travers des dons et du parrainage, son maintien compte aussi sur l’engagement des futurs bénévoles. La phase de recherche de fonds et de forces vives est ouverte, avis à celles et ceux qui voudraient porter leur pierre à l’édifice. « Comme toujours, les personnes qui ont des idées et des projets sont bienvenues », lance Marc Voltenauer tout en donnant quelques exemples d’activités déjà imaginées. En somme, la vente de livres neufs et d’occasion, les bénéfices engendrés par la vente de cafés et l’organisation d’événements devraient financer le fonctionnement du Temple du Polar.

Représentant de la commune de Bex auprès de l’Association Temple du Polar, le syndic, Alberto Cherubini, rappelle que la création de ce lieu contribuera à dynamiser la vie locale avec un rayonnement romand, ce qui devrait engendrer des retombées économiques. « C’est un lieu qui va vivre ! Il y aura des conférences, avec une cinquantaine de places assises, il y accueillera des expositions, des petits concerts, mais aussi un espace café. Ce sera un lieu pluriculturel. La Paroisse des Avançons pourra aussi bénéficier des nouvelles installations et continuer à y organiser ses activités. De plus, nous avons des projets à mettre en place avec des institutions comme celle de l’Association Plate-Forme Jeunesse et ses Semestres de Motivation (SEMO) », se réjouit-il.

Pascal Brunner – directeur de la Plate – Forme Jeunesse – fait partie du comité de l’association, bénévolement et à titre personnel. « Je suis un grand ami de la culture. Quand Marc m’a approché pour faire partie du comité et ainsi contribuer à la création d’un lieu culturel et d’exposition dans le Chablais, j’ai trouvé cela génial ! » se souvient-il. Monsieur Brunner y voit l’opportunité de brasser la population, en mettant en place des collaborations en termes de formation et d’insertion du public avec lequel il travaille. Avec SEMO Chablais, dont le mandat est d’aider les jeunes à trouver des places d’apprentissage, et EPIGLOBE – mesure aidant les réfugiés à trouver une place de travail en Suisse – Plateforme Jeunesse pourrait accomplir des tâches adaptées dans le cadre de ce projet.

De l’entretien du bâtiment au nettoyage des extérieurs, de l’exploitation du café littéraire à la livraison de livres à vélo, les possibilités d’insertion sont nombreuses. Diverses également seraient les opportunités de stages pour des employés de commerce ou des polydesigners et médiamaticiens qui pourraient créer les futurs décors des activités prenant racine dans la Chapelle Nagelin. « On a le temps de voir grandir le projet et les idées viendront au fur et à mesure », ponctue-t-il.

Et vous, quelles seraient les idées que vous voudriez voir réalisées dans ce futur lieu de culture bellerin ?