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Le burnout, un syndrome du XXIe siècle ?

Des milliers de personnes dans le monde sont à l’heure actuelle touchées par le syndrome d’épuisement total, le burnout.  En Suisse, l’OFS recensait, en 2017, 21% des travailleurs se disant très souvent sujets au stress dans leur travail contre 18% en 2012. Ce syndrome, souvent mal dépeint en société, cache en réalité un problème multifactoriel. Grâce à la collaboration de plusieurs personnes actives dans le domaine de la santé ainsi que d’un témoignage, il est possible d’en apprendre plus sur cette maladie encore peu connue.

 

Quand le corps dit stop
Quand le corps dit stop

 

Qu’est-ce qu’un burnout ?

Le terme burnout dérive du verbe anglais « to burn-out » qui signifie « se consumer ». Il s’agit donc d’un état d’épuisement émotionnel, mental et physique. Selon l’OMS, ce syndrome serait un stress provenant du travail et qui ne peut être géré. Les personnes atteintes n’arrivent plus à faire face aux exigences imposées par leur vie professionnelle quotidienne et sont donc épuisées en permanence. Toutefois, ce stress ne provient pas uniquement de la vie professionnelle, il peut aussi surgir de la vie privée. Ainsi, le burn-out n’est pas un syndrome dont le diagnostic et la définition sont clairs ; il s’agit plutôt d’un phénomène complexe qui peut prendre différentes formes.

 

Pour illustrer ce trouble, la psychologue du travail employée par ifa. (institut de médecine du travail), Élise Meylan, a pour habitude de recourir à des métaphores ; elle définit le burnout par « brûler la chandelle par les deux bouts », dans le sens où il s’agit d’« une personne qui fait trop en trop peu de temps et est incapable de récupérer ». L’individu est donc sujet à un stress chronique qui se différencie d’un stress aigu ou ponctuel, car les hormones sécrétées ne sont pas identiques et qu’il n’existe pas de phases de récupération.

 

Qui sont les personnes sujettes au burnout ?

La plupart du temps, les personnes sujettes au burnout sont remplies d’enthousiasme et d’idéalisme. Selon Elisa Meylan, elles démontrent une volonté de faire leurs preuves, que ce soit dans le domaine professionnel ou privé. Pour ce faire, elles ont tendance à travailler davantage tout en négligeant leurs propres besoins. Elles ont aussi un sens élevé du devoir et des responsabilités, tendent au perfectionnisme et s’identifient au travail. Il n’est pas rare de constater qu’il s’agit d’individus qui utilisent le travail comme une échappatoire aux problèmes privés. L’hypnothérapeute, Marguerite Fellmann, ajoute qu’il s’agit aussi d’individus qui ont envie de bien faire les choses, qui ont souvent beaucoup de ruminations et un système mental excessivement actif.

 

Quels sont les symptômes du burnout ? Comment le reconnaître ?

À l’heure actuelle, ce syndrome n’est pas reconnu en Suisse comme une maladie en tant que telle. Il n’est donc pas rare de voir un médecin généraliste, ou un psychologue, mettre un patient en arrêt maladie pour cause de dépression ; ceci, afin de bénéficier, le temps de la rémission, des subventions des assurances. Toutefois, il faut garder à l’esprit que le burnout et la dépression sont deux choses différentes.

 

Brûler la chandelle par les deux bouts
Brûler la chandelle par les deux bouts

 

Les symptômes du burnout sont classés en différents niveaux. Elisa Meylan met en évidence deux stades de progression : le premier étant celui de « la frustration et du désespoir », le second de « l’apathie et de l’épuisement ». Dans la première phase, les personnes ont tendance à se replier sur elles-mêmes, à changer de comportement et à être ailleurs. Aussi n’est-il pas rare de constater une sorte de dépersonnalisation, c’est-à-dire le sentiment d’être déconnecté de soi, d’agir comme un robot. Dans la seconde phase : les personnes ressentent un vide intérieur, une perte de sens dans ce qu’elles font et un épuisement total qui peut aboutir à une dépression. Dans ce cas-là, la dépression n’est qu’un symptôme.

 

Le burnout est donc diagnostiqué de manière subjective par le personnel de santé, et ce, grâce aux symptômes psychologiques souvent invisibles. Néanmoins, depuis quelques années, un spécialiste, le Dr Kissling, a mis en place un outil qui permet de détecter de manière physiologique la présence des syndromes de burnout grâce à l’influx nerveux et l’observation des temps de récupération. Celle-ci est donc très différente d’une appréciation subjective qui est à la source de la plupart des diagnostics. Il s’agit d’une machine. Cette méthode est aujourd’hui encore très peu utilisée, car très onéreuse et mal connue.

 

Comment procède-t-on pour guérir d’un burnout ?

Il existe nombre de méthodes permettant à une personne de récupérer d’un burnout. Tout dépend de la gravité de la situation qui peut se résumer en trois étapes : la première étape consiste à prévenir le burnout en effectuant de la relaxation et des activités pour se recentrer. La seconde étape, ciblant surtout les personnes en début de syndrome, est un arrêt provisoire court (arrêt médical ou vacances) afin que la personne puisse se reposer et sortir du contexte qui lui porte préjudice. La troisième étape, c’est-à-dire lors d’un burnout attesté, un suivi médical est instauré.

 

Le médecin peut proposer un complément tel qu’un accompagnement par un psychologue ou un psychiatre. Si la personne est très atteinte, il est aussi possible d’effectuer des séjours dans divers établissements spécialisés dans l’accueil d’individus ayant besoin de soutien tels les cliniques, les hôtels de luxe proposant un service de suivi médical et les hôpitaux psychiatriques. Selon Elisa Meylan, ces alternatives posent souvent problème, car le séjour y est trop court.

 

D’autres thérapies dites « alternatives » et ayant fait leurs preuves peuvent servir de compléments aux soins traditionnels tels que la médecine douce (fleurs de Bach, orchid essences, phytothérapie, etc.), l’hypnose, la méditation pleine conscience, le yoga ou encore le reiki.

 

L'hypnose comme complément d’un accompagnement médical
L’hypnose comme complément d’un accompagnement médical

 

Entretien avec Marguerite Fellmann

Depuis 2007, Marguerite Fellmann a suivi de multiples formations dans divers domaines telles que la psychogénéalogie, la biogénéalogie, le massage métamorphique, avant de se spécialiser en hypnose ericksonnienne et en Zéro Mental. Durant son parcours professionnel, elle a eu l’occasion d’accompagner nombre de personnes souffrant de burnout sur le chemin du rétablissement.

 

Il existe aujourd’hui différents types d’hypnose, comment celles-ci peuvent-elles aider une personne souffrant de ce « trop-plein » ?

« Je dirai que l’hypnose est vraiment un bon complément (par rapport) aux autres traitements. Il permet un retour à l’équilibre de base. Toutes les hypnoses sont donc aidantes ; maintenant, je travaille personnellement aussi avec ce que l’on appelle la « déshypnose ». Celle-ci se base sur un principe primordial : le mental, notre système de pensées, est notre plus grand hypnotiseur. Toute notre vie, nous nous créons des convictions, des codes d’obligations telles que la sensation de devoir toujours faire mieux, de ne jamais être suffisant, de devoir prouver des choses qui construisent un schéma de réflexion basé sur la performance. La déshypnose permet donc de déconstruire certaines croyances afin de calmer le système mental suractivé. La personne pourra ainsi se recentrer et réactualiser ses besoins, afin de ramener un équilibre entre le corps, l’esprit et l’émotionnel. Grâce à l’hypnose et ses différentes méthodes, la personne va donc se reconnecter à son espace intérieur pour calmer le feu qui s’y trouve. »

 

Quand faire appel à l’hypnose ?

« L’hypnose est un complément d’un accompagnement médical. Quand on parle d’hypnose, il n’y a pas de règles : certaines personnes vont apprécier un suivi tout au long du traitement, d’autres seulement au début afin de rétablir une structure solide à un univers qui peut sembler chancelant. Cependant, si l’on pense à l’autohypnose, je pense que de la pratiquer tout au début peut s’avérer parfois difficile. »

 

L’hypnose est parfois perçue comme une pratique dangereuse ; qu’en pensez-vous ?

« L’hypnose et l’autohypnose ne sont pas dangereuses. Il faut savoir que (seule) la personne est l’unique maître à bord ; il est donc important qu’elle choisisse un praticien qui lui corresponde tout en gardant à l’esprit que ce n’est pas parce qu’un hypnothérapeute a pignon sur rue qu’il conviendra forcément. L’important est de suivre son intuition. C’est le même principe avec l’autohypnose, mais cela se fait d’une manière plus naturelle : si un audio ne nous convient pas, nous avons tendance à rapidement le changer pour quelque chose qui nous fait plus vibrer. Si nous gardons à l’esprit ce fondement de base, alors je dirais qu’il n’y a pas de danger. »

 

Quelle est la différence entre l’hypnose et la méditation en pleine conscience ?

« Pour parler en métaphore : il s’agit de deux portes d’entrée qui mènent au même endroit. Cela signifie que nous pouvons partir de la méditation pleine conscience ou de l’hypnose pour arriver dans cet espace intérieur dans lequel il est nécessaire de ramener de l’air pour désamorcer la surtension. S’il y a peut-être une différence, c’est que l’hypnose et l’autohypnose utilisent plus l’imaginaire pour modifier et alléger notre système de pensées. Certaines personnes seront donc plus sensibles à l’une des méthodes qu’à l’autre. »

 

Pour conclure, quel serait, d’après vous, l’élément central à garder en tête ?

« J’aime à dire que dans la vie, tout est changement et que le mouvement est nécessaire à l’évolution. Parfois, quand on passe une épreuve on a l’impression que cela ne va plus jamais être comme avant. C’est effectivement le cas, car le schéma antérieur menait droit à la contraction actuelle. Cela va donc mener à mieux. En d’autres termes : en changeant certaines perceptions et comportements pour répondre à ses besoins actuels, la personne pourra retrouver l’énergie et l’envie pour poursuivre son chemin en adéquation avec qui elle est aujourd’hui. Quand il y a un burnout, ce n’est que la partie inconsciente (du mental), la partie adaptative, qui a décrété que c’était suffisant. Il y a donc besoin d’aller déconstruire certaines choses et en mettre d’autres en valeur ; il y a un besoin de réaménager l’espace intérieur pour amener du meilleur. »

 

Entretien avec René*

René, homme célibataire de 45 ans, ingénieur de profession qui s’investit beaucoup auprès de ses parents dont il s’occupe régulièrement a été diagnostiqué comme souffrant d’un burnout en 2016. Aujourd’hui rétabli, il revient avec nous sur son parcours difficile :

 

Il y a quelque temps maintenant, vous avez été diagnostiqué comme souffrant d’un burnout, comment cela s’est-il passé ?

« Dans mon travail, j’avais un poste à responsabilité en étant chef d’équipe et chef de projet. J’avais pour objectif d’évoluer au sein de l’entreprise et bénéficiais donc d’un coach de management. Pour mener à bien mes tâches, je voyageais souvent et comptais mon temps supplémentaire en centaines d’heures par année. Se sont ajoutées à cela des complications dans ma vie privée : les maladies de mes parents dont je devais soudainement m’occuper. Un jour, alors que j’allais comme d’habitude voir le coach de management, il a décrété que je n’étais plus apte à continuer ainsi et qu’il était temps que « l’on arrête-là les frais ». Il a immédiatement contacté la hiérarchie et j’ai été mis en arrêt. »

 

Quelle a été votre réaction face à cette situation ?

« En repartant de mon rendez-vous avec le coach de management, j’étais dans l’incompréhension ; je ne voulais pas que l’on me dise que je devais arrêter de travailler. J’étais dans un tel état de rage que j’en pleurais. Aujourd’hui, je pense que c’était dû à des a priori véhiculés par la société : on doit être invisible, on ne doit pas pleurer, on doit s’accrocher jusqu’au bout, etc. C’était tellement inscrit en moi que je me rappelle que le jour du diagnostic, alors que j’ai reçu un appel du directeur, la première chose que je lui ai répondue est « je suis désolé d’être dans cet état-là ». Je m’excusais de devoir faire une pause. Il faut savoir que je pensais alors que les quelques jours de congé qui approchaient allaient suffire à me remettre d’aplomb. Je voulais reprendre rapidement, mais on m’en a empêché. J’étais peut-être dans une sorte de déni ; quand on m’a arrêté, je n’ai pas vraiment cessé de travailler. Je lisais encore les mails qui arrivaient et je répondais à certains d’entre eux. Finalement c’est mon directeur qui a dû mettre le holà. »

 

La liste des symptômes avant-coureurs du burnout regroupe des signes variés ; quels sont ceux qui se sont manifestés lors de votre expérience ?

« J’étais dans un état de fatigue extrême : de la fatigue psychologique et de la fatigue physique. Un matin, je suis arrivé à un stade où, au moment de me rendre au travail, je toussais à en vomir sans être malade ; c’était mon corps qui me disait d’arrêter. J’ai aussi eu quelques symptômes musculaires : des graves problèmes aux jambes notamment à un genou qui avait été blessé au sport quand j’étais plus jeune. Je n’arrivais presque plus à marcher et, dans les escaliers, je devais me tenir aux rampes pour éviter de tomber. Je pense donc que c’est le corps qui a essayé de me dire qu’il y avait quelque chose, qu’il fallait stopper. »

 

Quelles sont les prises en charge qui vous ont été proposées ? Lesquelles vous ont le plus aidées ?

« Le burnout peut être perçu par certains comme une incapacité d’effectuer son travail et/ou d’assumer des responsabilités. Du point de vue de la carrière, ça peut donc représenter un frein dans certaines situations. Cela amène aussi souvent à remettre à niveau certaines ambitions. Cela a été mon cas. Heureusement, ma hiérarchie a été à mon écoute et nous avons revu mes objectifs de carrière. Le soutien de ma hiérarchie a été très précieux. Nous avons discuté sur l’importance de retrouver du plaisir dans mon travail et nous avons adapté la situation. J’ai aussi fait des thérapies telles que l’hypnose ; l’idée était de me recentrer, de prendre du temps pour moi et de prendre du recul. Cela m’a énormément aidé. J’ai entre autres rapidement retrouvé le sommeil. Le suivi m’a ouvert les yeux sur beaucoup de choses : ne pas essayer de plaire à tout le monde, prendre du temps pour moi, cesser d’écouter toutes les jérémiades de mes collègues et arrêter d’essayer de résoudre les problèmes de tout le monde. Le plus grand défi : réussir à mettre des limites et apprendre à dire « non ». »

 

Un burnout est une épreuve parfois encore connotée négativement dans la société ; comment abordez-vous votre vécu dans la vie de tous les jours ?

« Quand je discute avec des collègues de mon parcours dans l’entreprise, je n’ai jamais de honte à expliquer mon évolution dans l’entreprise : que j’ai gravi les échelons et espérais continuer, mais qu’à un moment donné j’ai dû cesser de travailler. Je n’emploie pas forcément le terme de burnout, mais dis plutôt que j’ai eu beaucoup de travail et beaucoup de pression ; ce qui, à un moment donné, m’a amené au bord de l’explosion intérieure. J’emploie le terme burnout dans la discussion s’il y a des questions, car c’est un mot qui parle aux gens. Par contre, je reconnais avoir eu de la chance d’avoir été forcé de faire une pause avant que cela ne soit plus grave ; d’où certainement ma tendance à plutôt d’abord parler d’épuisement. »

 

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souffre de burnout ?

« Je pense qu’il ne faut pas hésiter à prendre du temps pour soi. Le monde du travail est assez impitoyable : il y en a qui profitent d’extraire le maximum de vous tant qu’ils le peuvent et il y a souvent peu de reconnaissance. Il faut donc savoir dire stop : ne pas vouloir tout contrôler, ne pas vouloir être en mesure de répondre tout seul à toutes les questions, mais savoir faire confiance à ses collègues et son équipe. Et, il faut surtout ne pas se sentir coupable. » 

Petit questionnaire diagnostique proposé par Elisa Meylan pour évaluer votre état mental :

  • Vous vous sentez fréquemment fatigué ?
  • Aller au travail vous inquiète ?
  • Vous avez perdu du sens dans votre travail ?


Si vous avez répondu positivement aux deux questions ci-dessus, envisagez de demander de l’aide.

Informations

Elisa Meylan
elisa.meylan@medecinedutravail.ch
Ifa. Institut de médecine du travail
www.medecinedutravail.ch


Marguerite Fellmann
marguerite.fellmann@vtxnet.ch
Voyage vers le meilleur de Soi
www.psycho-biogenealogie.ch

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Article écrit par

Sumiko Chablaix

Sumiko Chablaix

Journaliste

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