La Rosalie des Alpes, espèce considérée comme vulnérable en Suisse selon la liste rouge des Coléoptères, Buprestidés, Cérambycidés, Cétonidés et Lucanidés, est présente dans le canton de Vaud, principalement dans le Chablais et le Nord du Jura vaudois. Il s’agit d’une espèce prioritaire en forêt pour le canton. Grâce aux soins dispensés par le Service communal des forêts en faveur de la biodiversité, ce petit longicorne a été favorisé sur la colline du Montet où sa présence récente a été confirmée dans le cadre des mesures effectuées.
Portrait
Cet insecte fait partie de la grande famille des coléoptères. Il se démarque notamment de par sa taille, l’un des plus grands longicornes, mais aussi et surtout de par sa couleur gris-bleu avec des taches noires, ainsi que ses longues antennes. Il est donc quasiment impossible de le confondre avec d’autres groupes de coléoptères. « Les couleurs voyantes servent souvent à signaler une toxicité aux prédateurs. Ce qui n’est pas le cas pour cette espèce, suggérant que cette coloration sert probablement de camouflage, notamment lorsqu’elle est posée sur des lichens et des écorces. Ses longues antennes, quant à elles, lui offre une plus grande sensibilité à son environnement, un organe sensoriel important pour trouver, par exemple, les zones les plus propices pour la ponte, mais elles servent également de critère d’identification pour les partenaires », explique Sylvain Dubey, biologiste et co-directeur chez HW Romandie SA, société de conseil en environnement qui travaille pour les pouvoirs publics et institutions privées.
La Rosalie des Alpes pond principalement sur le hêtre mort ou malade et exposé à un ensoleillement direct. Les larves vivent trois à quatre ans dans le bois, tandis que les adultes à peine un mois, généralement durant la saison chaude ; juste le temps de se reproduire. Durant ce court laps de temps, bien que les adultes visitent occasionnellement les plantes ombellifères, ils se cachent essentiellement dans la frondaison des arbres, ce qui les rend difficilement observables. « En dehors de cette période, nous pouvons toutefois plus facilement observer les traces qu’ils laissent lors de la sortie du tronc », précise Sylvain Dubey.
Une espèce menacée
La Rosalie des Alpes, contrairement à ce que son nom laisse à penser, n’est pas une espèce qui vit en haute altitude. En Grèce, par exemple, nous la retrouvons au niveau de la mer. En Suisse, elle s’installe dans des hêtraies situées entre 500 et 1500 mètres. Cet insecte compte plusieurs prédateurs, notamment des oiseaux tels que le pic épeiche. Cependant, il est avant tout menacé par des forêts trop propres. Malheureusement, le retrait des bois morts est une habitude préjudiciable à de nombreuses espèces. « Pour la Rosalie des Alpes, il ne suffit pas de laisser des branches au sol, mais bel et bien le tronc d’un vieux hêtre d’un diamètre d’au moins 50 centimètres, que l’on transforme en un totem d’environ 10 mètres de haut. Ces totems ont une durée de vie de 10 ans, après il faut les renouveler », relève Jean-François Rochat, du service des forêts de la commune de Bex.
Mesures
Afin de favoriser la Rosalie des Alpes, le service des forêts de Bex, en collaboration avec Sylvain Dubey, a réalisé plusieurs actions ces dernières années, dont notamment l’installation de plusieurs dizaines de totems de hêtre sur le versant sud de la colline du Montet qui jouit d’un bel ensoleillement. « Ces mesures sont prises dans des forêts à fonction de production forestière et de biodiversité et non pas à fonction de protection », souligne Jean-François Rochat. Ainsi, grâce au travail entrepris sur ce site, mais également grâce aux périodes de grandes chaleurs vécues ces dernières années, la Rosalie des Alpes a été réintroduite dans le Chablais. Mais il ne s’agit pas de la seule espèce qui bénéficie des actions communales.
La biodiversité au cœur des préoccupations communales
Depuis 2008, le service forestier agit en faveur de la biodiversité avec des actions qui se sont intensifiées dès 2015. Une étude biologique a pointé du doigt une zone au fort potentiel écologique : la colline du Montet, plus précisément son versant sud. L’ensoleillement de la parcelle et la végétation s’y trouvant sont en effet favorables au développement de plusieurs espèces animales menacées.
Dans cet esprit, de nombreuses initiatives peuvent être relevées. Une multitude d’insectes et de reptiles peuvent profiter des mesures entreprises. Par exemple, l’aménagement de tas de bois et la mise en lumière de murs de pierre en faveur de la Couleuvre d’Esculape, la vipère aspic et le lézard vert. L’éclaircissement et l’ouverture de certaines zones pour la Bacchante. La plantation de baguenaudiers pour le papillon Azuré du Baguenaudier. Tandis que l’ensevelissement de chêne coupé est bénéfique pour le Lucane cerf-volant.
La colline du Montet fait partie de la Protection paysagère d’importance nationale (IFP). Ainsi, la commune de Bex investit tous les ans près de 100’000 francs pour des mesures en faveur de la biodiversité en forêt. Chacune d’entre elles est validée par le garde-forestier, le biologiste agréé et par le canton qui participe d’ailleurs pour le 100% du déficit suivant les secteurs.
- Photos : Zoé Gallarotti, Sylvain Dubey et Carole Mancini