La Fulliérane L’Aiglonne Silke Pan, dont l’entreprise est à Aigle, fait une nouvelle fois honneur au Chablais, mais également à toutes les personnes en situation de handicap. Son courage et sa force de vivre lui ont permis de gravir en 7 jours les 7 Majeurs en handbike. Avec cet exploit elle obtient le titre de «Grand Maître» de la Confrérie des 7 Majeurs.

Ancienne acrobate de cirque, Silke Pan se retrouve il y a dix ans, paraplégique à la suite d’un accident de trapèze. C’est donc vers le handbike, vélo à bras, qu’elle se dirige. Rapidement, elle réalise de nombreux exploits. Le 27 août, Silke a d’ailleurs roulé en faveur d’Handicap International en reliant Sion à Genève ; 160 kilomètres, rien que ça ! Elle continue ensuite l’entraînement en gravissant les 3 faces du Mont Ventoux en 3 jours avant de s’attaquer aux raid des 7 Majeurs. Au total, 360 kilomètres, pour une épreuve qui exige un effort sur plus de 12 000 mètres de dénivelé positif, en 7 jours, sans se reposer une seule journée. Un véritable exploit quand on sait que Silke a parcouru de nombreux kilomètres dans des pentes à 15%, alors que l’UCI limite les déclivités à 8% pour les paracyclistes. Le mot d’ordre ? Le dépassement de soi pour l’Aiglonne qui n’a rien lâché.

Couleurs suisses hissées sur son handbike, accompagnée par son mari Didier Dvorak, la coureuse du Team Axius a escaladé successivement l’Isoard, l’Agnel, le Sampeyre, le Fauniera, la Lombarde, la Bonette et le Vars. Des cols connus des amateurs du Tour de France ; deux d’entre eux étant classés hors catégorie en raison de la difficulté de leur ascension. Cet exploit réalisé du 2 au 9 août dernier, a valu à Silke d’être nommée «Grand Maître Honorifique», un club très fermé réunissant les amateurs d’efforts qui gravissent les 7 cols en 7 jours.

Prochaines étapes

Silke Pan a décidé de marquer une pause en compétition à cause d’un évident mobbing de la fédération allemande. Résidente suisse depuis plus de 35 ans, mariée à un Suisse, elle n’en a pas encore le passeport qui lui aurait permis de défendre ses chances aux JO de Rio. Et comble de malchance, la fédération allemande dont dépend sa licence lui a refusé le voyage de Rio, parce qu’elle a justement demandé la nationalité suisse. Plusieurs raisons qui l’ont poussée à ne pas participer à des compétitions UCI cette année. En revanche, après avoir quitté l’équipe nationale allemande, Silke a été contactée par Active Sport, une équipe italienne, pour laquelle elle court depuis peu en plus du Team Axius, son sponsor suisse.

«Cette fin de saison, d’autres courses internationales m’attendent, comme le Giro d’Italie (le tour d’Italie) dont la finale aura lieu le 8 octobre. Je serai également à Düsseldorf début octobre pour participer à un Cybathlon, une compétition d’envergure internationale pour les concurrents handicapés qui utilisent des technologies d’assistance bionique, telles que prothèses robotiques, interfaces cerveau-ordinateur et exosquelette motorisé», annonce Silke Pan qui est, depuis l’été dernier, pilote d’essai d’un exosquelette nouvelle génération en développement par l’EPFL (Ecole polytechnique fédérale de Lausanne).

La sportive a également quelques projets pour l’an prochain. «Je vise une qualification pour les Jeux Paralympiques 2020 en handbike si j’obtiens ma naturalisation d’ici là. J’aimerais également participer à des courses de vitesse en chaise roulante ; ces dernières sont catégorisées en athlétisme. Bien entendu, il faudra que je débute par des stages d’entraînements, mais c’est un objectif que je me fixe afin de garder la motivation et le plaisir de bouger pour rester en forme», indique Silke Pan avant d’ajouter : «c’est aussi grâce à mon masseur-thérapeute d’Aigle, Antonio Perez, que je peux récupérer entre les différents événements d’envergure auxquels je participe.»

Silke prévoit finalement de publier un livre autobiographique retraçant ses exploits sportifs. «Je parle de moi d’une manière différente, plus personnelle», explique Silke. Une sortie prévue pour 2018.