Après 25 années à œuvrer pour la Fondation des maisons de retraite du district d’Aigle, le directeur des établissements d’Aigle et des Diablerets, Bernard Laurent, prend sa retraite ; Michel-Eric Lamon lui succède.
En 1997, Bernard Laurent a pris ses fonctions à la Résidence d’Aigle en tant que directeur. Son précédent emploi, intendant (métier aujourd’hui nommé : responsable hôtelier) à l’EMS Beau Site à Clarens, lui avait donné les outils pour ce nouveau poste ; il a facilement pris ses marques. « Le passage de témoin a été rapide. L’équipe était rodée et je connaissais le métier », explique-t-il avant d’ajouter : « J’ai également toujours eu de bonnes relations avec l’équipe de direction. » Rapidement, Bernard Laurent s’est retrouvé au cœur d’un projet d’envergure, celui d’un agrandissement…
Un projet de longue date
La Résidence d’Aigle est le troisième établissement construit par la Fondation des Maisons de retraite du district d’Aigle ; il date de 1988, tandis que la Résidence des Diablerets et celle de Bex ont ouvert en 1975. Dès son ouverture, l’établissement aiglon était moderne : il offrait un hébergement tant en long séjour qu’en court séjour, disposait d’un centre d’accueil temporaire et préparait les repas pour la livraison à domicile. La Résidence d’Aigle était pourvue de quarante lits répartis dans vingt-huit chambres individuelles et six chambres doubles. Pourtant, la place a rapidement commencé à manquer.
En 2003, le sujet est sérieusement abordé. Mais il faut attendre 2017 pour que débutent les travaux. Trois ans plus tard, en 2020, un second bâtiment voit donc le jour sur le site et les résidents peuvent emménager dans leur nouvelle chambre. « Ce déménagement a eu lieu juste avant que nous fermions l’établissement à cause de la pandémie Covid. Nous disposions ainsi uniquement de chambres individuelles, mais également de terrasses et de la possibilité de fermer les étages. » L’ancien bâtiment, depuis, a pu être rénové, offrant des chambres individuelles avec douche et WC privatif. Aujourd’hui, la Résidence d’Aigle compte au total septante-six lits ainsi que deux chambres, l’une pour les familles, l’autre servant au repos du personnel.
L’évolution
Durant plus de deux décennies, le directeur a suivi l’évolution des établissements médico-sociaux. Notons qu’outre le site aiglon, Bernard Laurent a repris il y a dix ans la direction de la Résidence des Diablerets et ses 29 lits. Il a ainsi connu deux établissements différents, l’un en plaine, l’autre en montagne. Si le système de qualité des homes a évolué, ce n’est pas le seul changement. « La moyenne d’âge des résidents a augmenté de 5 à 7 ans depuis mes débuts. Mais il y a aussi des habitudes différentes du côté du personnel. À l’époque, il s’agissait essentiellement d’habitants d’Aigle. Maintenant, les employés sont plus mobiles. Sans oublier la pénurie de personnel qualifié qui se fait de plus en plus ressentir, et pas seulement dans le domaine des soins », constate le directeur.
Bernard Laurent prend sa retraite. Il laisse derrière lui deux établissements en pleine forme, mais aussi des projets en cours tels que, par exemple, des échanges intergénérationnels avec la Fondation la Monneresse. « Revenons sur l’agrandissement du site d’Aigle : le personnel va presque doubler. Il faut l’accueillir, revoir l’animation et assurer cette transition en cours qui mènera la Résidence vers d’autres horizons. En somme, il faut profiter de cet élan et continuer d’avancer ; le mouvement, la nouveauté, le changement, c’est ça qui est motivant. »
Finalement, quand on lui demande ce qui va lui manquer le plus, il répond : « Tout ! ». Après quelques secondes de réflexion, il ajoute : « Je suis un gamin d’Aigle. J’ai connu beaucoup d’habitants que j’ai ensuite côtoyés à l’EMS, que ce soit des résidents ou des employés. » L’on sent alors que ce sont les liens sociaux qui vont lui manquer le plus.
Un joli challenge
Michel-Eric Lamon a repris la direction des EMS d’Aigle et des Diablerets au mois de juillet. Durant quelques jours, il a été épaulé par Bernard Laurent. Les deux hommes semblent se connaître depuis longtemps, pourtant ils viennent à peine de se rencontrer, mais ils ont un point commun : ils aiment le contact humain.
Les compétences de Michel-Eric Lamon sont variées : économiste, science historique, ressources humaines, management de direction et spécialiste en assurances sociales. Avant de passer la frontière valaisanne pour rejoindre notre beau canton, il a œuvré durant vingt-deux ans au Foyer Haut de Cry à Vétroz. « J’ai régulièrement collaboré avec le réseau vaudois d’EMS. La gestion vaudoise est d’ailleurs une source d’inspiration pour moi », confie-t-il. Ce changement de région ne l’inquiète donc pas. Il se dit même heureux de cette nouvelle opportunité. « Le projet de la Fondation m’a séduit. La première étape va être de bien m’intégrer et de poursuivre l’œuvre de mon prédécesseur. »
Pour le nouveau directeur, la gestion des deux sites est aussi un challenge mêlant des domaines variés. « Il faut, entre autres, recruter du personnel, répondre aux besoins, développer des projets institutionnels, s’adapter à la société actuelle en constante évolution, gérer toutes les situations et collaborer avec d’autres institutions médicales », précise-t-il.
À quoi ressemblera l’EMS en 2050 ?
Question difficile car il n’existe pas un modèle unique d’EMS. « Il s’adapte en fonction de ses résidents, de l’évolution culturelle ou encore de la région dans laquelle il se trouve, si c’est une grande ville ou une petite agglomération. On pense aussi à des EMS intégrés à des quartiers protégés ou à d’autres sites spécialisés. Cela dépendra aussi de l’évolution des techniques de soins telles que les soins à domicile. Nous devrons également nous adapter à la manière dont vieillit la population actuelle. En résumé, nous faisons face à des enjeux passionnants et à une question pertinente : quelle est la place des personnes âgées dans la société ? », conclut le nouveau directeur.
- Photos : Zoé Gallarotti