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Un « ESPRI » d’équipe

Le Point Chablais a fait la connaissance de six participants, francophones ou allophones, qui suivent une mesure d’insertion socio-professionnelle auprès de l’Association ESPRI (Entreprises sociales pour l’insertion) à Aigle. Parmi d’autres activités, ils jouent de la plume pour la réalisation d’un journal dédié à la biodiversité ; une manière détournée de créer un réseau dans le but d’intégrer une entreprise ou de réaliser une formation.  

 

Journal ESPRI créé par des participants, francophones ou allophones, qui suivent une mesure d’insertion socio-professionnelle
Journal ESPRI créé par des participants, francophones ou allophones, qui suivent une mesure d’insertion socio-professionnelle

 

Comme une évidence

Gianni Romano, détenteur d’un CFC de forestier-bûcheron, a d’abord œuvré durant quelques années dans ce domaine avant de se diriger dans celui des entreprises sociales. Son souhait était de lier ces deux activités : l’insertion professionnelle et la nature. Il a alors suivi une formation de maître socioprofessionnel. « J’ai ensuite travaillé dans des institutions dans lesquelles j’ai pu développer plusieurs projets », explique Gianni Romano qui a finalement complété son bagage avec un diplôme universitaire de directeur d’institutions socio-sanitaires.

 

En 2020, disposant d’un bon réseau dans le cercle forestier vaudois et fort de nouvelles compétences dans le domaine social, Gianni Romano a fondé ESPRI. « Le plan climat 2030 mettant l’accent sur la durabilité, la sauvegarde de l’environnement et la biodiversité, la création de cette association tombait à point nommé », précise-t-il avant d’ajouter : « Il est bon de relever que les projets professionnels des participants sont variés et ne concernent pas uniquement le domaine « vert ». »

 

Main dans la main

ESPRI accueille entre 25 et 30 bénéficiaires de l’aide sociale à la recherche d’un emploi ou d’une formation sur une période de six mois renouvelable. L’association se veut être un pont entre ces personnes, les partenaires sociaux et les secteurs d’entreprenariat. La prise en charge est basée sur deux axes : l’insertion socioprofessionnelle et les activités professionnelles. Le suivi est individualisé, personnalisé, flexible, et les compétences de chacun sont valorisées dans un cadre harmonieux qui favorise les relations interpersonnelles. 

 

Nuray Dilber et Feven Gebrekidan interviewent Yann Laubscher, éducateur à la nature et à l’environnement à La Maison de la Rivière, lors d’un atelier organisé par l’Association ESPRI pour ses participants sur la thématique des plantes exotiques et envahissantes
Nuray Dilber et Feven Gebrekidan interviewent Yann Laubscher, éducateur à la nature et à l’environnement à La Maison de la Rivière, lors d’un atelier organisé par l’Association ESPRI pour ses participants sur la thématique des plantes exotiques et envahissantes

 

L’association développe, de sa propre initiative ou sur mandat d’organismes publics et privés, des activités sous différentes formes, permettant à quiconque d’intégrer progressivement le marché de l’emploi. Ainsi, au sein d’ateliers collectifs et de cours individuels, elle propose une remise à niveau scolaire, des cours de français pour les allophones et des activités d’intégration. En prime, elle met sur pied des mises en situation réelles lors de sorties telles que des expositions et même des séances de cinéma pour favoriser l’apprentissage de la langue. Elle permet de développer des compétences sur l’utilisation des outils bureautiques et des connaissances des TIC (Technologie de l’Information et de la Communication). Finalement, des ateliers de recherches d’emploi et la mise en place de stages sont organisés.

 

Conservation des biotopes et sauvegarde de la faune

Les principaux mandants de l’association sont la direction générale de la cohésion sociale (DIRIS) du canton de Vaud ainsi que la direction générale de l’environnement (DGE) en ce qui concerne les mesures en lien avec la protection de l’environnement et la sauvegarde de la faune. « Dans le cadre de notre programme « conservation des biotopes et sauvegarde de la faune », la DGE nous mandate sur le territoire vaudois pour effectuer différents chantiers sous la supervision des services compétents », indique Gianni Romano. A ce titre, l’association collabore principalement avec les groupements forestiers du Pays-d’Enhaut et de la Saubrette, l’association de la Grande Cariçaie, la fondation Jean-Marc Landry, WWF, Pro Natura, Proconseil ou encore la commune d’Aigle.

 

Les locaux de l’association se trouvent à Aigle
Les locaux de l’association se trouvent à Aigle

 

A travers ce programme, ESPRI propose, par exemple, l’entretien de sentiers, des plantations, divers débroussaillages, l’entretien des forêts, des travaux de réfection et d’autres projets encore. Les bénéficiaires acquièrent ainsi des compétences diverses allant du domaine forestier et de la construction, à l’organisation de chantier ou d’événement en lien avec le partage de connaissances sur la nature. Ceci leur permet aussi de comprendre le système de management du travail d’équipe. Parmi les réalisations accomplies, les participants ont par exemple remis en état le refuge le Grand Devens et ses alentours à Pizy ou encore le canal des Communailles à Yvorne. Alors que durant la belle période ils travaillent essentiellement à l’extérieur, en hiver, ils sont accueillis à l’atelier dans lequel ils confectionnent des nichoirs, des tables et d’autres constructions encore.

 

Devenir journaliste pour se créer un réseau professionnel

Un autre atelier est à la disposition des participants, le journal ESPRI. Ce bimestriel aborde des thématiques liées à l’environnement, au développement durable, à la biodiversité… bref, à la nature sous toutes ses formes. Durant deux mois, les journalistes en herbe se chargent de la réalisation d’articles : les prises de contact, les interviews, sans oublier les photos et, bien entendu, la rédaction.

 

Les participants de cet atelier sont encadrés par Sophie Perraudin. La photographe de formation a d’abord travaillé quelques années à Paris en tant qu’assistante de production au « Madame Figaro ». De retour en Suisse, elle a rejoint le groupe Tamedia pour lequel elle a supervisé le département photo pour les magazines « Femina » et « Encore ! ». En 2017, elle a entamé une reconversion professionnelle qui l’a menée à suivre des études dans les domaines du coaching et de la formation d’adultes. « Je suis heureuse de pouvoir combiner ma vie d’avant et celle de maintenant. Notre travail au sein de l’association fait sens car nous apportons un réel soutien aux bénéficiaires de l’aide sociale. Le plus grisant dans ce métier, c’est de faire ressortir le potentiel des participants », relève Sophie Perraudin.

 

Sophie Perraudin avec les derniers numéros du journal ESPRI
Sophie Perraudin avec les derniers numéros du journal ESPRI

 

Son rôle : créer et éditer le journal qui est distribué aux autorités d’application, aux partenaires ainsi qu’aux intervenants. Et la tâche est loin d’être évidente, notamment au niveau de l’écriture. « Il y a, pour beaucoup, la barrière de la langue. Certains utilisent des outils de traduction qui sont approximatifs ou écrivent en phonétique. D’autres ne savent pas utiliser un ordinateur. J’ai un énorme travail de vulgarisation et de reformulation, en veillant bien sûr à garder les mots des auteurs. Mais cet atelier leur est bénéfique. Dmitry, par exemple, avait beaucoup de peine à aller au contact des autres. Son évolution est tout simplement incroyable puisqu’aujourd’hui, grâce aux interviews réalisées, converser en français avec une personne n’est plus anxiogène pour lui. »

 

Les participants choisissent des sujets en lien avec leurs projets professionnels. « Florian, par exemple, veut devenir accompagnateur en montagne. Pour son prochain article, il va interroger un garde-faune. Ce journal est un moyen détourné de se créer un réseau professionnel. » Finalement, l’écriture n’est qu’un prétexte, la réalisation qui précède cette étape est bien plus importante et apporte des outils et des connaissances supplémentaires, mais également de la confiance en soi et des contacts.

 

Un avis unanime

Invité pour présenter le magazine et parler du métier de journaliste (lire éditorial en page 3), le Point Chablais a fait la connaissance de six plumes du journal ESPRI. En plus de suivre la même mesure, ils partagent le même avis : ils s’y plaisent. Pourtant, ce n’était pas gagné, en particulier pour Hosam : « L’ORP et le social m’ont envoyé dans plusieurs mesures pas adaptées, tout simplement pour que je fasse quelque chose. Mais ça ne m’aidait pas à trouver un travail ! Avant d’intégrer ESPRI, je n’étais pas content. Mais j’ai rapidement changé d’avis. Cette association m’aide pour que je puisse travailler dans l’installation de panneaux solaires. » Audrey aussi complimente ce programme : « Je suis heureuse de découvrir de nouvelles capacités et de gagner en expérience. » Pour Ghenet et Dmitry, ESPRI leur permet notamment d’améliorer leur français. Nuray Dilbert, elle, se sent comme un poisson dans l’eau. En effet, écrire c’est son truc, notamment la poésie : « J’apprends beaucoup de choses, je suis d’ailleurs guidée pour la recherche d’un stage. Et j’aime constater les différences entre mon pays, la Turquie, et la Suisse. » Finalement, Florian se dit également enchanté de cette association. « Elle mérite d’être plus connue. Et le journal devrait être partagé à un plus grand nombre. » Nous ne le contredirons pas sur ce point, car il n’a rien à envier aux autres médias, tant au niveau de son visuel que de son contenu !

 

Conclusion

ESPRI compte un taux de réussite d’un peu plus de 50% ; plus de la moitié des participants repart donc avec un contrat de travail ou d’apprentissage ou, plus rarement, débute des études. Les autres, quant à eux, renouvellent l’expérience ou sont redirigés dans d’autres mesures. L’Association ESPRI est encore jeune. Pour l’heure, Gianni Romano désire consolider le dispositif en place. « Notre objectif est de mettre un maximum de moyens à disposition des participants pour qu’ils puissent développer leurs compétences et accéder au marché de l’emploi » conclut-il.

Informations

info@espri-vd.ch
024 466 14 17

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Article écrit par

Zoé Gallarotti

Zoé Gallarotti

Rédactrice en chef

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