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Résultats positifs de la mise à l’enquête concernant la construction d’un barrage sur le Rhône

Le projet de palier hydroélectrique MBR franchit une nouvelle étape ; la mise à l’enquête se clôt avec une vingtaine d’oppositions dont la plupart étaient attendues. Elles vont être traitées ces prochaines semaines.

 

 

Palier depuis Chiètres
Palier depuis Chiètres

 

Historique

Ce projet ne date pas d’hier. En effet, dans les années 1980, une idée a germé : la société Hydro-Rhône SA prévoyait l’implantation de dix usines semblables dans le lit du Rhône, qui auraient dû produire annuellement 780 millions de kWh. Suite à des oppositions, les promoteurs de l’époque ont décidé de repousser la réalisation. Près de 30 ans plus tard, en 2008, les entreprises d’électricité FMV SA, Romande Energie et les Services Industriels de Lausanne, avec l’appui des deux cantons concernés (Vaud / Valais), ont décidé de relancer la machine en se concentrant sur un seul palier, celui de Massongex – Bex, dont les conditions de réalisation sont les plus favorables.

 

Le palier MBR comptera une centrale en rive gauche du fleuve et quatre passes vannées dans le lit du Rhône. « Il s’agit du plus grand projet réalisé en Suisse dans ce domaine. Il s’inspire d’aménagements existants sur les cours d’eau de l’Aar et du Rhin, mais également de projets similaires en Autriche, pays qui a une approche très industrielle en termes d’aménagement et pas seulement économique », explique Julien Derivaz, directeur de la société MBR SA.

 

Le budget total s’élève à 140 millions de francs : d’importance nationale, le palier hydroélectrique MBR pourrait obtenir une contribution fédérale de l’ordre de 50%. Rappelons que grâce à sa production 100% renouvelable et indigène, il contribuera à atteindre les objectifs de la stratégie énergétique 2050 de la Confédération.

 

Production

La future centrale-barrage de basse chute prévoit une production annuelle d’énergie d’environ 80 GWh : soit la consommation annuelle d’électricité de plus de 20’000 ménages. Environ 45% de l’énergie produite seront injectés sur le réseau durant l’hiver, une période critique. A titre de comparaison, cette installation est équivalente à la production de 15 éoliennes ou d’une installation photovoltaïque couvrant la surface de 45 terrains de football.

 

L’énergie sera mise à disposition des actionnaires de MBR SA sur le réseau global Swissgrid. Il s’agit de décomptes virtuels. Physiquement l’énergie sera par contre consommée par la population située directement à proximité du palier (région Massongex – Bex). Les communes bénéficieront à part égale des impôts sur le capital et des impôts fonciers de la société MBR SA. Cela représente plusieurs dizaines de milliers de francs.

 

La 3e correction du Rhône intégrée au projet

Le projet MBR intègre à la fois le palier hydroélectrique et l’aménagement du Rhône (R3) sur le secteur couvert. Cette 3e correction constitue le plus grand projet de protection contre les crues de Suisse. Portant sur une longueur de 162 km, il vise à protéger la population de la plaine du Rhône ainsi que ses infrastructures.

 

Passerelle Massongex-Bex
Passerelle Massongex-Bex

 

 

Dans le périmètre concerné par MBR3, les digues actuelles seront consolidées de manière à éviter tout risque de rupture en cas de crue. De plus, à l’aval du palier, la largeur du lit sera augmentée de manière progressive afin d’obtenir la largeur minimale sécuritaire définie par R3.

 

Une prise en considération des défis actuels

La nature est au cœur du projet de barrage. Huit hectares entre les deux cantons seront revitalisés, en coordination avec le WWF et Pro Natura. Le but de ce travail en commun est de veiller à une utilisation rationnelle du territoire, en particulier des terres agricoles du Chablais, ainsi qu’à une proportionnalité des coûts pour le projet MBR. « Nous travaillerons sur le potentiel nature de chaque site ; ils seront entretenus par la société MBR SA durant l’exploitation du barrage », précise Julien Derivaz.

 

Ainsi, il est prévu de revitaliser les embouchures du Courset, de l’Avançon et de la Rogneuse ; les lits de ces cours d’eau seront élargis, permettant notamment le retour d’une dynamique alluviale et la création de milieux humides annexes. Les talus des digues seront végétalisés de manière à offrir une diversité de milieux favorables à la biodiversité. Relevons aussi la création d’un biotope de haute valeur sur le côté gauche du barrage. Finalement, placée sur le flanc extérieur de la centrale, une passe à poissons permettra d’assurer la montaison des espèces présentes dans le Rhône. Par ailleurs, entre les passes et la centrale, un chenal de dévalaison permettra aux poissons de franchir l’obstacle du palier en direction de l’aval. Ces investissements en faveur de la nature se chiffrent à près de 9 millions de francs.

 

Du côté de la mobilité douce, une nouvelle traversée sera construite ; elle se situera non loin du passage existant. Ce passage sera dès lors ouvert aux transports publics de l’agglomération. Une piste sur la rive gauche sera également aménagée, créant ainsi une alternative de voie cyclable pour rejoindre le verrou de Saint-Maurice. En prime, le projet prévoit l’équipement en voie cyclable de la route de berge en rive droite du fleuve. Cet itinéraire permettra de rejoindre en toute sécurité les tracés existants au rond-point situé à l’entrée de Bex.

 

Palier depuis l’aval
Palier depuis l’aval

 

 

 

Quant à l’empreinte carbone d’une telle réalisation, MBR SA en tire une conclusion positive. « Elle se solde entre 6 et 7 grammes de CO2 par kWh, soit presque le même niveau que le nucléaire », informe Julien Derivaz.

 

Un dossier complexe

Pensé depuis plusieurs décennies, le dossier de demande d’autorisation de construire contient environ 300 documents qui totalisent près de 2’500 pages. Le projet concerne deux communes vaudoises, Bex et Ollon, et deux communes valaisannes, Massongex et Saint-Maurice. « Le défi est de taille, principalement de par la coordination avec R3. Nous totalisons six procédures valaisannes, quatre vaudoises et une fédérale. Nous devons en outre prendre en considération l’environnement bâti à proximité, l’autoroute et les voies CFF et s’assurer que la construction du barrage n’ait aucun impact négatif sur ces sites, tout comme sur la nappe phréatique », indique Julien Derivaz qui rappelle que les travaux ne pourront se faire qu’en hiver, lorsqu’il y a moins d’eau et qu’il faudra conjuguer avec les crues du Rhône.

 

Le dossier a été mis à l’enquête publique du 30 décembre au 30 janvier ; une étape importante dans le contexte actuel de la sécurité d’approvisionnement hivernal et de la transition énergétique. Durant ce laps de temps, deux séances questions/réponses ont été organisées, la première à Massongex le 12 janvier et la seconde à Bex le 19 janvier.

 

Plus d’une centaine de personnes ont profité de ces séances. « La population a apprécié cette démarche. Les questions récurrentes concernaient notamment la nouvelle passerelle et son franchissement ou encore le fonctionnement même du barrage. Il y avait aussi la question des nuisances, que ce soit pour les habitants de Massongex ou ceux du Domaine du Rhône », souligne le directeur de MBR SA avant d’ajouter : « Nous savions que des oppositions seraient déposées. Nous avons même rassuré les habitants en leur précisant qu’ils ne devaient pas avoir peur de faire opposition. L’objectif étant que le projet soit acceptable pour l’ensemble des parties concernées. »

 

La suite

Actuellement, le dossier est en cours d’analyse par tous les services intercantonaux. En parallèle, la société MBR SA poursuit le développement du palier. « Nous espérons obtenir les autorisations de construire d’ici l’année prochaine, ce qui ferait que l’exploitation du barrage pourrait débuter en 2028 », relève Julien Derivaz avant de conclure : « Je dois reconnaître que nous avons la chance de pouvoir compter sur un fort soutien des communes concernées, à savoir Bex et Massongex. C’est très appréciable. Cela permet d’intégrer la population au projet, ce qui facilite sa mise en œuvre. »

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Article écrit par

Zoé Gallarotti

Zoé Gallarotti

Rédactrice en chef

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