Le nouveau recueil poétique de Pat Genet invite à une introspection au cœur des silences et des absences. À travers des vers d’une sensibilité poignante, il explore la fragilité humaine et la ténacité de la renaissance, thèmes qui se déploient au fil d’instants charnières de l’existence. Cet article analyse ces aspects en s’appuyant sur les réflexions de l’auteur concernant la signification de plusieurs lieux et la nature intrinsèque de sa poésie.
Interrogé sur le voyage géographique et émotionnel suggéré par le titre, « Flots charnières », et les toponymes évoqués (tels Beyrouth ou Santiago), l’écrivain confie : « Les lieux portent en eux les souvenirs, ils se gorgent d’images. Prononcer leurs noms, c’est faire remonter à la surface ce qu’on y a vécu. Il existe des lieux d’amour, de trahison, d’espérance, de rupture… Ces noms de villes, de mers, d’îles, sont porteurs d’imaginaires. Chacune et chacun pourra y trouver ses propres flots, voire ses propres moments charnières. » Ainsi, ces points d’ancrage deviennent des paysages intérieurs où se figent l’attente et l’absence, des articulations reliant des expériences chargées d’affects.
Originaire de Bex et vivant à Martigny, Pat Genet a fondé deux projets musicaux remarqués : Ostande, qui l’a conduit avec le musicien et auteur Régis Savigny jusqu’à la scène parisienne des Trois Baudets, et Les Ossatures, un combo formé avec le musicien et photographe Gaétan Charles, qui signe la photo de couverture de « Flots charnières ». La qualité de ces deux formations a été saluée par des sélections au prestigieux concours de La Médaille d’Or à Saignelégier. Son parcours musical s’est enrichi par son travail récent avec Charlotte Parfois, groupe valaisan composé majoritairement d’anciens membres de Glen of Guinness ; cette collaboration a donné naissance au projet Charlotte Quand Même. Parolier et auteur sollicité par divers artistes, dont Aliose et Pascal Rinaldi, Pat Genet a exploré une autre forme d’expression en 2017 avec la publication d’« Animal torpedo » (éditions Cousu Mouche), son premier recueil de poèmes. « Flots charnières » constitue donc son second voyage dans l’univers de la poésie.
Face à la puissance poétique de son écriture explorant la désillusion et la renaissance, l’artiste explique : « La poésie est le langage qui s’impose à moi lorsque cela vibre fort. Je fais passer la sonorité du mot et sa percussion au premier plan, j’accorde une grande importance au rythme des phrases – certaines pages sont presque vides et les pages blanches sont là parce qu’elles représentent des silences, des respirations. L’écriture poétique se présente à moi comme la seule issue possible en ce sens qu’elle est un état des lieux de ce qui se trame à l’intérieur ». Malgré l’exploration de la fragilité, une vitalité se dégage de la langue poétique de Pat Genet, suggérant une forme de renaissance.
« Flots charnières » est un recueil où la traversée intérieure de paysages chargés de mémoire rencontre la force expressive de la poésie. Le recueil est à retrouver en librairie ou sur le site des éditions Cousu Mouche au prix de 10 francs.
- Photos : Gaétan Charles