Accrochez-vous, le voyage dans le Temps va commencer… entre propos vieillots, allusions du passé, argots de jeunettes aux tifs fluo aussi strange que leur make-up ou idées révolutionnaires vouées à se laisser dépasser, ça va décoiffer saperlipopette! Go! (navrée amateurs de scrabble, go ne signifie pas ici un jeu chinois. Déception quand tu nous tiens…) L’air de rien, nous embarquons pour une épopée intemporelle.
Les teenagers vont galérer avec des notions limites du temps de croc-mignon. What, on ne dit pas comme ça? Cro-magnon dites-vous Mamie? Pff… de toute façon on s’en tape, ils sont tous passés à la trappe depuis. La mode c’est les zombies à présent. Et leurs aînés s’emberlificoteront à déchiffrer une langue qui leur paraît soudainement étrangère. Genre: c’est des hiéroglyphes les symboles que tu utilises pour communiquer? Hein? Des émoticônes? Et ben pas de bol, on n’est pas sortis de l’auberge mon bon Serge!
Edith Piaf, Charly Chaplin, et paf, voici une introduction plutôt réussie car ce film «les Temps modernes», l’était, moderne, mais à l’époque des 33 tours! J’adorerais pouvoir épiloguer sur les potentielles explications de tous ce que vous ne capterez pas, mais il va falloir investiguer individuellement. Disons que c’est mon coup de pouce pour le rassemblement des générations. Le Chef d’œuvre de Charlot…tu parles Charles! «Un vieux machin en noir et blanc où il n’y a même pas de son» dirait un gamin. «Muet, mon biquet» aurait brièvement le temps d’argumenter son papi contemplant, contrit, son petit-fils replongé dans un écran de smartphone. (NB: téléphone souvent trop intelligent même pour son utilisateur). Et la chanson d’Edith, indéniablement un grand classique lui aussi bien parti pour tenter de mépriser les effets du Temps, jouissant d’un régulier lifting de passionnés. Ainsi les ans leur déferlent par-dessus à la façon de gouttes d’eau qui perlent sur les plumes d’un canard. Restons dans les piafs: Edith Piaf, chanteuse de guinguette ayant inspiré un film de l’ordre de la biographie avec Marion Cotillard en effigie, sorti en 2007: « La Môme». L’actrice a volé la vedette à la chanteuse de guinguette, lui valant au oscar passage (pas un coquard). Film en couleur avec son, précisons. Elles ne se sont pas volé dans les plumes… Et à raison, n’étant pas de la même époque. Le choc des divas n’aura pas lieu, remballez vos paris, pardi!
«Je» me permets d’utiliser exceptionnellement le premier pronom dans cet article. Il s’agit là du sujet du mois, pas du moi! Pourtant on ne peut parler que de ce que nous connaissons, pas vrai? Ce n’est pas ma génération, mais cela fait partie de mon/notre patrimoine culturel. Voilà qui implique quelque «je», puis surtout la garantie de rester plus ou moins proche du Chablais sans que le sujet ne s’effiloche (nous parlerons de laine…).
Prenons le temps de parler du mot-clé, «moderne». Une clé (clef? Non c’est vieux ça!) qui partage le trousseau avec tant d’autres devant les portes de nos différentes dimensions temporelles. Selon le dictionnaire dont je partage la couleur de cheveux, moderne est un adjectif désignant des choses, courants, êtres vivants de notre époque ou à défaut qui l’étaient assez récemment. Moderne est donc intrinsèquement éphémère… une illusion, même, un qualificatif façon bulle de savon qui au moindre choc des cultures explosera tel un bâton de dynamite auquel un génie ou un abruti (ou les deux à la fois?) aura bouté le feu sans préambule. C’est aussi vite arrivé que parti.
Survivre dans l’ère du Temps sans pour autant se laisser vivre de l’air du temps
Mais revenons-en à nos moutons. En effet me voici à citer une Bellerine d’adoption, «rencontrée» au bout du fil et sans un fil à la patte. Elle n’est pas ballerine, Madame Martine Schneeberger. Telle piquée par l’aiguille à tricoter de cupidon, c’est une mère-vendeuse-enseignante-comptable multi casquette (indépendants vous savez de quoi nous parlons) qui a ouvert son magasin après la naissance de ses enfants, par souci d’organisation (la vie moderne allie carrière ET éducation des enfants: planning de fou sans avoir le temps de dire ouf) mais aussi par envie de vivre de son hobby. La laine, matière fabriquée à partir de toison de mouton ou de chèvre, récoltée à la manière ancestrale ou de façon industrialisée, reste sur le devant de la scène. Ce n’est pas la belle au bois dormant qui me contredira! Elle s’est piquée le doigt sur le fuseau d’un rouet. Comment ça je suis la seule fan de contes de fée? Mouais… Tout ça pour dire que la laine, ce n’est pas récent. Mais canalisons, mettons en avant des expériences à notre échelle. Ainsi le Point Chablais vous présente celle qui a donné vie à un magasin, «Au Fil du Temps», ayant vu le jour le 1er juillet 2017 (c’est un bébé! Tout récent, pourtant une fois n’est pas coutume, tout est question de point de vue.) Cette appellation représente parfaitement la subjectivité de la conception du mot « moderne ». Parce que le tricot est à la pointe des tendances, le summum de la branchitude. Dans ce cocon rien n’est coton, tout devient possible grâce à la passion de son patron. En d’autres termes (et pas thermes, piscines des Romains. Centre thermal, c’est ça, vous situez. Gaffez-vous la confusion est courante!) en d’autres termes donc, moins ludiques mais plus clairs: cette chère Martine vous invite à poser des questions et repasser en magasin pour toute enquiquine. Serviabilité, disponibilité, voilà deux qualités qui font d’une prestation de proximité un moment privilégié. Un achat durant lequel l’humanité remporte le combat sociétal entre bénéfices au sacrifice de la qualité et chiffre d’affaire déficitaire.
(Le cœur est plus grand que le dollar)
«Au fil du temps» est le blason tout désigné pour le message que je souhaitais faire passer, à savoir l’intemporalité de certains procédés et traditions, garants et gardiens de rapports sociaux enrichissants dans toutes les dimensions souhaitées. Vous trouverez en ces lieux des produits d’un autre temps, perdus entre le passé et l’avenir, et cependant ô combien présent. Des productions Made in Bex (ça change de made in China… si vous aussi ça vous démange/dérange ces étiquettes cousues par des enfants). Entre les pelotes de laines, une collection de denrées alimentaires vient mettre son grain de sel. Ou plutôt ses petits pots de sels artisanaux qui dépotent, ouvrage d’amis de Martine. Poursuivant leurs « idéaux » du préparé comme à la maison, ils se sont lancé le défi de proposer une gamme de denrées originales avec des produits d’origine locale: BEX! A défaut de posséder leur propre boutique (pour l’instant! Voilà tout le mal que nous leur souhaitons!) ce duo expose dans la vitrine de leur copine des doses aussi belles à regarder que délicieuses en dégustation. Parmi les flacons de cristaux agrémentés d’extraits floraux, vous trouverez aussi des vinaigres, des sucres aromatisés et encore d’autres trésors tous estampillés «Nos idées oh!». Des idéaux au fil du temps… c’est beau, ces liens professionnels tissés des fils d’or de l’amitié. Parce que ces jeunes entreprises sont «modernes», elles possèdent toutes deux une page internet intégrée à une communauté virtuelle dont l’élocution ressemble de près à «face de bouc», pour poursuivre mon fil d’Ariane étant principalement un lexique ovin. Vous y êtes certainement inscrits aussi, à ce «réseau», ou vous en avez entendu parler par des collègues qui profitent de la plateforme pour «poster» les photos de tout ce qu’ils mangent au cours de la journée (on en connaît tous, des amis qui se sentent curieusement obligés de nous faire liker leur énorme repas de midi… comme si ça allait alléger leur conscience!) Sur ce site internet, donc, lorsque vous tapez aufildutemps (pas trop fort, votre clavier vous remerciera), apparaît comme par magie la page de la boutique de laine. Il y est écrit : laine broderie quiling décoration. Je me rends, j’avoue, je ne sais pas du tout ce qu’est le «quiling»! Heureusement la spécialiste éclaire ma lanterne: c’est un art-isanat très ancien consistant à enrouler des bandelettes de papier. Sur la page de nos affables inventeurs d’assaisonnements d’exception qu’il me titille de surnommer affectueusement les «apprentis sorciers de Bex», vous trouverez l’illustration de leur imagination. L’éventail de leur travail autour du «Sel’idée» ainsi que pléthore de photographies nous donne une faim de loup… ben oui, il n’as pas réussi à manger les chevreaux, ni le Chaperon rouge! Caramba encore raté! Si vous êtes plus «terre à terre» et que vous souhaitez fouler de vos sabots (mais non je ne traite personnes de vieilles biques… sabots pour souliers de bois, et pas pieds en corne chères fashionista aux baskets à licornes. Basket qui, soit dit en passant, signifie panier! Eh ouais, c’est cruel la vie, on est déjà vieux-jeu avant même les premières rides) et bien si vous voulez y aller physiquement, à ce magasin de laine, il vous suffit d’enregistrer son adresse dans votre GPS. SMS SOS je sens que je vous perds… pas de système de navigation, perdu le wifi ? Bon ben tant pis, à l’ancienne: sortez vos cartes frères scout, venez à la pêche aux idées. Une fois sur place, l’espace appelle à la récréation et inspirera vos créations, car vous pouvez même y prendre des cours pour celles et ceux qui aspirent à maîtriser d’autres crochets que l’hameçon. Tricoter re-re-revient à la mode, ode à la lenteur, à l’authentique. Des clients décident de fabriquer de leurs mains ce qu’ils porteront demain. Non plus par souci d’économie: par loisir et plaisir.
Know-how : savoir-vivre + savoir-faire = savoir être
Le DIY (Do it Yourself), le fait soi-même. Purée, mais il faut un dictionnaire anglais pour être moderne alors?) a le vent en poupe, pas un seul écolo ne loupe une occasion de se vanter d’avoir fabriqué son savon pour le visage ou ses produits de nettoyage. Souvent cet engouement demeure de l’ordre du privé, satisfaction pour l’ego ou envie secrète de mordre à pleine dents dans les bienfaits que la nature met à notre disposition. Alors que d’autres élèvent leur rêve au rang de carrière. Le même souci les réunis: le progrès, ok, mais pas au détriment de la planète. La vie moderne apporte moult tentations, ainsi devient-il difficile de ne pas succomber à la facilité. Au lieu de franchir le pas de sa porte pour faire réparer, la nouvelle génération aurait tendance à se connecter sur internet pour racheter du 9, philosophie en opposition aux has been qui espèrent réparation. Un clic sur la toile pour les 1er (NB: surnom donné à internet, en référence à WEB, la toile) et indirectement un voile se jette sur une potentielle dépense à quelques pas de là. Le hic: les villages se meurent… pas d’achats, pas de gain pour les commerces du coin! Néanmoins ne nous attardons pas là-dessus. Afin d’améliorer ce qui doit l’être, insufflons amour et détermination à la cause que nous soutenons, ne perdons pas de temps, moderne ou pas, à lutter contre ce que nous n’aimons pas. Cessons de nous tracasser à définir si oui ou non il s’agit du dernier cri, évertuons-nous à consommer «local». Secouons le bocal! On crie, on crée! Pourquoi ne lancerions-nous pas un mouvement: «Bex-néficiaires solidaires» ça vous dit? Parce que oui, nous avons TOUS quelque chose à offrir ET à recevoir. A commencer par un sourire. Alors qu’une mode ne dure qu’un temps un style, lui, est unique et intemporel. Choisir son mode de vie garantirait de rester en harmonie avec ses aspirations personnelles indépendamment des lubies de son ère, sonnant le glas du principe même de nouveauté. Un air de déjà vu? Certains n’ont pas attendu que des expressions chipées aux anglo-saxons soient utilisées à la télévision pour réaliser que manger des fraises ayant poussé en lévitation n’est pas tant bon pour la morale générale ou le moral de leurs voisins. Qui n’a jamais entendu quelqu’un se plaindre de trouver lesdites fraises en plein mois de février sur les étals des grandes enseignes alimentaires? Je ramène ma fraise parce que regardez plutôt combien en ont acheté, de ces morceaux de plastiques au goût de bonbon chimique! Rien ne vous interdit de boycotter et d’aller au Marché faire vos commissions de saison. Mieux: allez-y avec les enfants parce que non, le lait ne vient pas d’un fruit pressé mis en brique, et le pain, ce ne sont pas des carrés de papier mâché pré-tranchés. Notre petit pays ne peux pas prétendre à l’autarcie totale, néanmoins il a suffisamment d’artisans et de producteurs chevronnés pour rester debout afin de présenter à ses potes et compatriotes déjà pas mal de trucs hyper cool. Du swag pure! Sans parler d’une prestation humaine qui n’a pas de prix. La consommation prend alors une toute autre dimension, ne s’agissant plus d’un achat égoïste, mais soudain d’un acte de solidarité. Nos courses financent celles de notre prochain et hop! les rouages sont graissés et la roue de la fortune se remet à tourner. Oubliez les marques, restez près, ne partez pas… soyez tout feu tout fl-âme!
La vie est un jardin dans lequel nous avons seul soin de faire fleurir des roses ou mourir la prose. Il en va de tout ce qui y pointe le bout de son nez, ceci à Bex comme ailleurs, d’ailleurs! L’évolution, dans sa continuité, est une succession de révélations individuelles et/ou communautaires. Plutôt que de penser que l’existence moderne nous puni ou nous récompense, prenons ce fichu bélier par les cornes (oups, c’est le taureau… mais vous saisissez l’intention! C’est ça qui compte, de toute façon) et cueillons les opportunités sans cesse proposées, car il appartient à chacun de nous de jardiner ces «temps modernes» sans se prendre de râteau.