Brasserie Massy : du terroir en bouteille !

Céréales et houblons cultivés dans la région, ingrédients bio, malt fait maison, bouteilles réutilisées, la Brasserie Massy favorise le circuit-court et sa carte propose quatre bières brassées à Aigle et dont les noms font référence à des personnages légendaires du Chablais.

 

Alexandre Massy dans sa cave
Alexandre Massy dans sa cave

 

La concrétisation d’un rêve

Il faut se lever tôt pour trouver une brasserie comme celle-ci ; l’importation, elle ne connaît pas ! L’industrialisation non plus. Derrière les cuves, Alexandre Massy voit un rêve se réaliser. En 2001, au retour d’une pérégrination sur tous les océans du globe comme marin au long cours, il a commencé à brasser ses premières bières en autodidacte. « La première, je l’ai brassée au feu de bois dans un gros chaudron d’alpage de 400 litres au Festival Celtique de Corbeyrier », confie-t-il. Mais, à cette époque, ce produit largement popularisé depuis peinait encore à se faire une place dans notre pays viticole. « Il existait tout au plus un ou deux livres pour apprendre à brasser ! » A côté de son travail dans l’industrie mécanique, puis à la police, l’Aiglon s’est donc fait la main durant près de deux décennies, attendant également d’avoir les moyens nécessaires pour ouvrir une vraie brasserie sans réaliser d’emprunt.

 

Actuellement, la brasserie produit environ 10'000 litres de bière par an
Actuellement, la brasserie produit environ 10’000 litres de bière par an

 

Le projet a réellement pris forme en 2020. Dans le quartier de la Chapelle, la grange-pressoir du XVIIIe siècle de sa demeure accueille sa brasserie. La rencontre avec Alexandre Massy se déroule dans une belle cave voûtée, au frais, avec vue sur six cuves. Mais avant cette installation, il a fallu mettre de l’huile de coude pour libérer les vieux Borsari en béton qui encombraient les lieux. Dès lors, la petite entreprise n’a de cesse d’évoluer.

 

L’artisanal, le vrai !

Alexandre Massy vient d’une famille de vignerons. « L’importation de matières premières m’a toujours dérangé », précise-t-il. Si, en 2001, il ne lui était pas possible de favoriser le local – la matière première provenait d’abord de France, puis de Suisse allemande – aujourd’hui la situation est tout autre.

 

Le brasseur cultive son propre champ de houblon. Sa houblonnière, d’abord située aux Dévens, a emménagé à Ollon l’hiver dernier. « L’année prochaine, il sera possible de la visiter », annonce le brasseur. Les 900m2 de terrain lui permettent de récolter, à la main, plusieurs centaines de kilos de houblon chaque année. « En premier lieu, il me faut faire des tests sur de petites surfaces. Je me base sur les dernières recherches en agronomie afin de cultiver le houblon sans aucun traitement. Actuellement, j’en produis cinq variétés différentes et cinq autres sont au stade d’essai. Je teste entre autres des variétés allemandes et polonaises qui se prêtent bien pour faire de l’IPA (India Pale Ale) ; il est maintenant nécessaire d’observer comment elles s’adaptent chez nous. »

 

Les céréales, quant à elles, proviennent d’agriculteurs bio d’Aigle et d’Yvorne. Cette année, une malterie est venue s’ajouter au projet ; elle est située dans les combles de la bâtisse d’Alexandre Massy. Mais transformer une céréale en malt ne se fait pas en un claquement de doigts. Il y a différentes étapes à réaliser : trempage, germination et touraillage (séchage des grains). « La plus difficile est la dernière. Il existe des machines servant à automatiser cette étape. Mais elles sont coûteuses. Par ailleurs, mon souhait est de rester artisanal et de faire le maltage au sol. Pour cela, j’ai dû construire un prototype. Je me retrouve dans le maltage, comme dans la bière, il y a vingt-cinq ans : avec peu de connaissances », explique le brasseur.

 

La brasserie propose quatre bières 100% locales
La brasserie propose quatre bières 100% locales

 

Faire du local a aussi un prix. Alexandre Massy est par exemple limité dans les variétés de céréales. Il doit donc se montrer créatif avec ce qu’il a et, après avoir goûté ses bières, il fait nul doute que le pari est réussi !

 

Quatre bières de légendes

La Brasserie Massy compte quatre bières. Une blonde, la Fenette (une nymphe des berges du Rhône). Une ambrée, la Vauday (un démon du massif des Diablerets). Une blanche, la Nérine (une fée de la Tour d’Aï). Une au sapin. Cette dernière n’a pas encore de nom. Il s’agissait initialement d’une commande pour la Fête du Bois à Champoussin. Elles sont vendues 3.50 francs à l’unité (3.30 francs à l’unité pour l’achat d’une caisse de 24 bouteilles).

 

Actuellement, la Brasserie Massy produit moins de 10’000 litres par an, mais désire doubler cette quantité à l’avenir. Les bières peuvent être dégustées/achetées sur place chaque jeudi de 17 à 21 heures (ou sur demande) ou savourées au Bateau Rouge à Aigle, au Hasard de St-Triphon, au steakhouse la Fontaine à Collombey ou encore à la cave Badan, mais également lors de diverses manifestations locales.

 

Une histoire d’amitié

Parce que seul nous ne faisons rien, Alexandra Massy rappelle que sa brasserie est avant tout une histoire d’amitié. « Tout a débuté grâce à deux copains qui cultivent le houblon et l’orge brassicole. Et ma famille vient régulièrement m’aider », relève-t-il. Son objectif est toutefois de travailler le plus longtemps possible sans employé, mais il reconnaît que c’est du boulot ; ses journées sont bien remplies. Aujourd’hui, il a déposé sa plaque et son arme de service de la Police pour se consacrer entièrement à son entreprise, pour le plus grand bonheur des zythologues !

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Article écrit par

Zoé Gallarotti

Zoé Gallarotti

Rédactrice en chef

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