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Sur les rails avec Jonathan Arimondi : un métier de rêve

Il adore son métier, et pour cause, il voyage tous les jours, profitant des paysages rythmés par les saisons. Le Bellerin Jonathan Arimondi, pilote de trains au MOB, Compagnie de Chemin de fer Montreux Oberland bernois, ou mécanicien de locomotive, comme on dit dans le jargon, nous accueille dans sa locomotive pour un trajet entre Montreux et les Avants, une voie mise en service en 1901.

 

Jonathan Arimondi, conducteur de trains au MOB
Jonathan Arimondi, conducteur de trains au MOB

 

19 juin, 14 heures, la journée est exceptionnelle, le soleil brille, des grappes de touristes fourmillent dans la gare de Montreux. Je rejoins Jonathan Arimondi sur la voie quatre. Il me tend un gilet orange que j’enfile et m’emmène ensuite dans les bureaux situés au bout des quais en direction de notre beau Chablais. Il prend son service et doit s’annoncer. Un petit tour des lieux me permet de découvrir, entre autres, le centre d’exploitation qui gère les lignes de Montreux à Rougemont, de Montreux aux Rochers-de-Naye et de Vevey aux Pléiades. Un second centre d’exploitation identique à celui-ci est basé à Zweisimmen.

 

Le MOB, fondé en 1899, dispose d’un réseau qui s’étend sur une centaine de kilomètres entre Montreux et Lenk. Le plus ancien tronçon, le funiculaire Territet–Glion, inauguré en 1883, est désormais intégré au réseau. En 2001, plusieurs réseaux régionaux (funiculaires et lignes de montagne) sont fusionnés sous la bannière MVR, dont l’infrastructure est gérée par le MOB. La compagnie est un acteur incontournable des transports publics et du tourisme, permettant de découvrir quelques-uns des plus beaux panoramas du pays.

 

Mais revenons à cette chaude journée de juin où Jonathan Arimondi reçoit un téléphone et un formulaire d’ordre, un document opérationnel indiquant par exemple les zones de ralentissement, les signalisations à respecter, les travaux ou anomalies sur les lignes et d’autres éléments encore. Pour le trajet à effectuer, il s’agit surtout de ralentissements dûs à des déjettements, des dilatations du rail à cause de la chaleur. « Nous sommes les yeux de la ligne. Notre travail nous permet de pouvoir signaler ce type de problème », explique le Bellerin.

 

Un métier qui le passionne
Un métier qui le passionne

 

Avec Anne-Sophie Schnegg, aspirante qui voyage avec Jonathan Arimondi aujourd’hui, nous rejoignons le train numéro 2322. Première étape : un essai simplifié des freins. « Le premier conducteur de la journée doit réaliser toute une série de tests de sécurité. Ceux qui prennent le relais, comme moi en ce moment, se chargent uniquement de tests moins techniques.

 

La passion des voyages

14h17, le train se met en marche. L’occasion de faire plus ample connaissance avec le conducteur. « Quand j’étais tout jeune, nous vivions le long du Quai de l’Avançon. Lorsque le BVB (Bex – Villars – Bretaye) passait, les fenêtres vibraient. J’adorais observer ce train. Cette fascination s’est toutefois estompée », se souvient-il. En effet, à l’adolescence, il suit d’abord la voie paternelle en débutant un apprentissage de peintre. Six mois plus tard, il arrête car ce métier ne lui convient pas. Il rejoint alors les CFF pour un apprentissage d’employé de commerce. Il troque ensuite les bureaux pour un travail aux guichets puis dans les trains en tant que contrôleur. « J’avais vingt ans et les passagers ne me prenaient pas toujours au sérieux. Bien qu’avec le 80% d’entre eux ça se passait bien, certaines journées étaient particulièrement pénibles. De plus, les horaires ne me convenaient pas, surtout à cet âge-là où on veut profiter de sa jeunesse, sortir et voir ses amis. »

 

Jonathan Arimondi a une révélation lors d’un voyage de trois mois au Canada. Il veut changer de métier, mais aussi et surtout voyager. Durant six ans, il bourlingue, vivant des expériences incroyables. « J’ai travaillé sur un bateau à vapeur en Nouvelle-Zélande ou encore dans une entreprise de location de voitures en Australie. » Les étés, il revient en Suisse pour travailler… au MOB où il touche un peu à tout : les bureaux, le train du chocolat, les contrôles des billets, entre autres. En 2018, à son retour du Chili, alors âgé de 28 ans, il décide de se poser. Il débute une formation de conducteur de trains au MOB, suivant cette fois-ci la voie maternelle : « Ma maman a réalisé son apprentissage dans ce domaine aux CFF, et a ensuite notamment travaillé aux guichets du MOB à Montreux ».

 

Trajet entre les Avants et Montreux, des paysages magnifiques
Trajet entre les Avants et Montreux, des paysages magnifiques

 

Si, durant un temps, Jonathan Arimondi espérait conduire des TGV aux CFF, cette envie lui a vite passé. « Les trains de montagne sont nettement plus intéressants. Et ce n’est pas parce qu’on va moins vite, entre 35 et 45 km/h avec des pointes allant jusqu’à 100 km/h sur les tronçons droits, que c’est plus facile. La compagnie dispose de six types de véhicules différents avec chacun ses spécificités. Dans mon métier, je dois être capable de réparer de nombreuses pannes, mais aussi faire face à différentes problématiques. Chaque saison, hormis le printemps qui est relativement calme, a aussi son lot de challenges : dilatations des rails en été, feuilles mortes en automne, gel, branches ou poudreuse en hiver… » Sans oublier les risques d’accidents. « Il m’arrive malheureusement de ramasser des animaux, principalement des chevreuils ou des renards. Une nuit, un container en métal était renversé sur les voies. Je l’ai pris de plein fouet. Heureusement, le train était vide. Et si les accidents de personnes sont rares, parfois des voitures sont bloquées sur les passages à niveau. Mais, contrairement à certains de mes collègues, je suis chanceux, je rencontre rarement des problèmes (accidents ou pannes). »

 

Actuellement, Jonathan Arimondi est titulaire d’un permis de conduire ferroviaire obtenu grâce à sa formation. « Afin de valider officiellement mes compétences, je passe actuellement un brevet fédéral. »

 

Atelier à Chernex qui se charge de l’entretien des machines
Atelier à Chernex qui se charge de l’entretien des machines

 

Un métier qui ne laisse jamais place à l’ennui

14h45, nous arrivons aux Avants. Une passagère qui a fait le trajet dans le train frappe à la petite vitre latérale de la locomotive. Elle cherche à rejoindre Blonay. « Il fallait descendre à Fontanivent, Madame », l’informe le conducteur avant de lui préciser que ce train repart dans vingt minutes. Nous changeons de côté et j’en profite pour faire quelques photos. Avant de partir, Jonathan Arimondi procède aux mêmes tests qu’au départ de Montreux.

 

Le train se remet en route et, cette fois-ci, nous parlons de son amour pour le métier. « En moyenne, mes horaires changent une semaine sur deux. En été, c’est parfois un peu frustrant de travailler le soir. La vie sociale en prend un coup. Mais en hiver je peux profiter d’aller skier la journée en semaine, quand il y a très peu de monde sur les pistes. » Il ne manque pas de relever la bonne ambiance avec ses collègues. « Au MOB, nous sommes une grande famille et nous entretenons des liens très forts. »

 

Les jours se suivent, mais ne se ressemblent pas. « Je suis privilégié d’exercer ce métier, notamment sur la plus belle ligne de Suisse romande. Les passagers nous saluent et nous remercient, et les paysages sont merveilleux et ils changent chaque saison. Je profite de couchers de soleil à couper le souffle et je suis payé pour ça ! » Son trajet préféré ? Montreux – Zweisimmen, 62,4 km et dont l’aller – retour prend 4h30. « Le point fort de ce trajet : le GPX, un nouveau train mis en service il y a seulement deux ans et qui dispose d’une locomotive magnifique. »

 

(« Je suis privilégié d’exercer ce métier, notamment sur la plus belle ligne de Suisse romande »
(« Je suis privilégié d’exercer ce métier, notamment sur la plus belle ligne de Suisse romande »

 

Lors de la descente, nous profitons des paysages qui s’offrent à nous. Un moment magique. Plus bas, à Chernex, il me montre l’atelier qui se charge de l’entretien des machines, visible depuis l’arrêt. Nous arrivons à Fontanivent. Jonathan Arimondi, prévenant, prend le micro et annonce l’arrêt pour la dame de tout à l’heure.  

 

15h40, le train s’arrête en gare de Montreux, sur la voie six, avec trois minutes d’avance. Les passagers descendent et le conducteur procède à un accouplement avec un autre train. Le convoi retournera ensuite aux Avants et se séparera. Une partie rejoindra Château d’Oex, l’autre retournera à Montreux.  

 

Le voyage s’achève sur le quai après une parenthèse unique portée par un conducteur passionné. Quant à savoir où sera Jonathan Arimondi dans dix ans, il indique ne pas avoir de réponse. Cet aventurier vit au jour le jour. Alors que je regagne mon bureau pour écrire l’article, lui, repart pour un tour, profitant pleinement de ce métier de rêve !

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Article écrit par

Zoé Gallarotti

Zoé Gallarotti

Rédactrice en chef

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