Près de la moitié de la production des Salines Suisses est dédiée au sel de déneigement distribué dans tout le pays ; cela représente entre 100’000 et 350’000 tonnes selon les hivers.
Les Mines de Sel de Bex sont célèbres. Et pour cause, il s’agit du seul site suisse depuis lequel le sel est extrait dans une mine. Longtemps durant, cette dernière fournissait uniquement le canton de Vaud. Depuis 2014, elle approvisionne l’ensemble du pays ainsi que le Liechtenstein. « Y est extrait un sel d’une pureté incroyable ; un produit suisse avec une tradition et un savoir-faire appréciés bien au-delà des frontières vaudoises », précise Caroline Duparc, responsable marketing. Toutefois, la saline de Bex est celle qui produit le moins, par rapport à ses deux grandes sœurs : Schweizerhalle (BL) et Riburg (AG) ; environ 30’000 tonnes sur plus de 400’000 au total (chiffres 2023). Elle se concentre donc essentiellement sur les spécialités telles que Sel des Alpes et Bex les Bains, mais aussi sur le sel de déneigement.
Quelques chiffres
La plus grande part de la production de sel des Salines Suisses sert à dégeler les routes ; un chiffre variable d’une année à l’autre en fonction des conditions météorologiques, mais cela représente près de la moitié des ventes. Soit 41,10% pour 2023. Viennent ensuite, pour la même année, les sels régénérants pour les adoucisseurs d’eau et autres appareils tels que le lave-vaisselle (22,40%), pour le commerce et l’industrie (15,6%), de cuisine (9,8%), pour l’agriculture (6,1%), le bien-être (4,8%) et le pharmaceutique (0,2%).
Le défi du stockage
Contrairement au sel alimentaire qui répond à des normes d’hygiène très strictes qui définissent entre autres la manière de le stocker, le traiter, l’empaqueter ou encore le transporter, le sel à dégeler est stocké à tout vent dans des halles ou des silos. Juste après la cristallisation, il est orienté dans des installations spécifiques. En outre, ce sel n’est pas enrichi en iode ou en fluor.
Le sel de déneigement des Salines Suisses porte le nom de TAUFIX. Il est composé à 99,5 % de chlorure de sodium à granulométrie fine. « Il contient également de l’antiagglomérant pour empêcher l’agglomération du sel. Ces additifs sont essentiels, notamment pour le stockage de longue durée en silos exposés aux variations climatiques », précisent les Salines Suisses.
Le site de Riburg est le principal producteur de sel de déneigement. Le véritable défi réside dans le stockage. La capacité de stockage des trois sites des Salines Suisses atteint 250’000 tonnes, dont 12’000 dans l’octogone à Bex. « Mais pour intervenir le plus rapidement possible sur les routes, le sel est également conservé dans des entrepôts cantonaux et communaux pouvant accueillir plusieurs milliers de tonnes », explique Arnaud Tamborini, chef de site et de production à Bex.
Les approvisionnements se font également entre avril et septembre ; les halles de stockage des Salines Suisses libèrent ainsi de l’espace durant la belle saison pour accueillir le sel nécessaire à l’hiver suivant. Un tournus bien rôdé qui permet au réseau routier de tout le pays (plus de 80’000 kilomètres) de rester praticable tout en réduisant le risque d’accident, ce grâce au travail d’employés dévoués qui, nous pouvons le dire, n’ont pas froid aux yeux ! « Nous démarrons d’ailleurs une campagne de remerciements pour les acteurs qui travaillent pour le service hivernal », annonce Caroline Duparc.
Un hiver rigoureux, comme celui de 2020/2021, demande beaucoup de sel ; jusqu’à 350’000 tonnes. Selon Eawag (Institut fédéral suisse des sciences et technologies aquatiques), « en période de pointe, plus de 7’000 tonnes de sel peuvent être appliqués sur les routes en une seule journée. La production du site de Riburg, spécialisé dans la production de sel de déneigement, est quant à elle de l’ordre de 1’200 tonnes Les Salines Suisses doivent alors disposer d’importantes capacités de stockage pour livrer en fonction des besoins. Les réserves totales (Salines Suisses, cantons, communes) s’élèvent donc à environ 400’000 tonnes ; le pays ne risque pas de manquer de sel à dégeler ! ».
- Photos : Salines Suisses et Thomas Masotti