Faire figurer ses animaux sur son testament ? Avouez-le, en lisant ceci, vous avez peut-être levé un sourcil, éventuellement esquissé un sourire, puis avez pensé à Karl Lagerfeld et son chat, « comment s’appelle-t-il déjà ? Ah oui Choupette ». Mais le sujet est plus sérieux qu’il n’y paraît, et peut-être pas si « bête » !
Et si faire figurer ses animaux sur son testament n’était pas une si mauvaise idée ? En visionnant la vidéo « Un testament pour protéger ses animaux » de Kate Amiguet, créatrice de la fondation MART (Mouvement pour les Animaux et le Respect de la Terre), on se demande même pourquoi on ne l’a pas déjà fait. C’est que le sujet est délicat, puisqu’il touche à la mort, qui plus est la nôtre ! Et si nous éludons le sujet ou s’il nous fait sourire – jaune – c’est aussi probablement pour cette raison. D’ailleurs, dans sa vidéo d’une quinzaine de minutes, la réalisatrice aborde le sujet d’emblée et de front « parce que la maladie, les accidents et la mort, ça n’arrive pas qu’aux autres ». Voilà, le décor est planté.
Présentation
Kate Amiguet a créé la fondation MART en 1999. Si son amour de la nature et des bêtes est bien plus ancien, l’histoire de la fondation commence par l’observation d’une famille de castors dans un étang du Chablais qui s’est avéré être pollué. Cinq ans d’enquêtes et un inventaire de tous les sites contaminés de la région plus tard, naissait la Fondation. Depuis 25 ans, cette cinéaste animalière a réalisé près d’une centaine de vidéos et fait de la sensibilisation son maître-mot. Ses deux chaînes YouTube sont une réelle mine d’informations pour quiconque s’intéresse à la nature et aux animaux. La fondation MART, reconnue d’utilité publique, fait appel à ses bénévoles une à deux fois par an. Comme, par exemple, lors du ramassage des déchets qui se sont amoncelés dans la réserve du Vieux-Rhône au bord du lac, le 16 et 17 mars. Mais pour le reste, c’est seule que Kate Amiguet tourne ses vidéos, enquêtes, dénonce des cas de maltraitances et sensibilise à travers ses documentaires ou sur le terrain.
De son côté, l’enfant qu’elle était a rédigé son premier testament pour son cochon d’Inde à l’âge de 9 ans, et lui léguait toute sa tirelire, afin qu’il ne manque de rien. Depuis, elle le modifie régulièrement, et y fait figurer ses animaux actuels. Mais le décès d’un ami, qui n’a pas laissé de dispositions claires pour le chien qu’il adorait, rappelle à la cinéaste animalière que le sujet n’est pas une évidence pour tout le monde. Et que si un testament a été fait, encore faut-il que la personne concernée soit mise au courant. Si l’histoire du chien de son ami s’est bien terminée, il n’en va malheureusement pas de même pour bien d’autres animaux, d’autant plus s’ils sont âgés ou malades, et qui risquent donc de finir leurs jours dans un refuge.
Les étapes importantes
Il lui semble donc fort utile de faire un testament pour ses animaux, d’y mentionner une personne de confiance, un parrain ou une marraine en quelque sorte, et d’en parler avec la personne choisie. Que celle-ci ait un double des clés afin que l’animal ne passe pas plusieurs jours seul, sans nourriture et sans soins. Et y mentionner le lieu où se trouvent son carnet de vaccination, ses habitudes alimentaires, ses médicaments éventuels, ou tout ce qui peut paraître évident et ne le sera pas pour quelqu’un d’autre. Concernant l’argent, bien sûr il ne s’agit pas de léguer à son chat ou à son chien toute sa fortune. Mais il est peut-être prudent de laisser un petit pécule au parrain ou à la marraine afin d’assurer frais vétérinaires, nourriture et frais de garde pendant les vacances par exemple.
Selon ce que nous explique Kate Amiguet, pour qu’un testament soit reconnu valable, il y a quelques règles à suivre : « celui-ci doit être manuscrit, daté et signé. S’il fait plusieurs pages, elles doivent être recto-verso et numérotées. Si une modification doit y être apportée, il ne faut rien tracer, simplement ajouter les modifications ou faire un nouveau document. Enfin, il est recommandé de le laisser dans un endroit facile d’accès et d’en informer la personne concernée, ou de le laisser directement au domicile du parrain ou de la marraine, ou chez un notaire ». Pour les personnes intéressées, un modèle se trouve à la fin de la vidéo de Kate Amiguet, « Un testament pour protéger ses animaux ».
Bien sûr les situations changent, nos vies évoluent et ceux que nous avions désignés comme personnes de confiance également. Il en va de même pour nos animaux et un testament n’est pas la garantie que notre animal sera en sécurité quand nous ne serons plus là, s’il nous survit. Mais c’est mettre toutes les chances de son côté, et finalement une belle preuve d’amour pour nos amis à plumes et à poils. De manière plus pragmatique, mais pas moins importante, des dispositions claires c’est aussi éviter à la famille et à ceux qui restent de potentiels désaccords et conflits quant au sort de notre protégé.
De son côté, Kate Amiguet compte bien continuer ses actions pour la défense de la nature et des animaux et à réaliser ses documentaires. Interrogée sur son sentiment quant à l’état de la planète, elle admet qu’il est difficile de rester positive, mais souhaite simplement faire tout ce qui est en son pouvoir pour la nature et les animaux, et se concentrer sur ce qui est à sa portée. Et c’est déjà beaucoup.
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- Photos : Pixabay