Adopter un animal, c’est accueillir un nouveau membre dans sa famille et en prendre soin tout au long de sa vie. Chaque saison amène son lot de changements et de besoins spécifiques. Avec Florence Calès, vétérinaire et directrice du cabinet vétérinaire du Molage à Aigle, nous faisons le point sur le printemps avec les chenilles processionnaires, les parasites et les allergies.
Les chenilles processionnaires
Il en existe deux sortes, les chenilles processionnaires du pin et du chêne. Toutes les deux sont facilement reconnaissables de par leurs fins poils urticants (jusqu’à un million de poils) et par leur mode de déplacement en longue file indienne ; elles vivent en colonie de plusieurs centaines de chenilles. Au printemps, entre les mois de mars et mai (parfois plus tôt selon les températures), elles sortent de leurs nids installés dans les arbres. Elles vont d’abord s’alimenter avant de partir à la conquête de l’endroit parfait, bien ensoleillé, pour débuter la procession de nymphose qui se réalise sous terre.
C’est précisément durant ce voyage de l’arbre à la terre que ces chenilles posent problème, notamment chez les chiens. « Les chats, plus méfiants, ne s’en approchent généralement pas », précise Florence Calès. Les poils de ces processionnaires sont très fragiles. En se cassant, ils libèrent une protéine très urticante, la thaumétopoéine. Il n’est pas nécessaire d’être en contact direct avec ces petites bêtes, puisque les poils peuvent être transportés par le vent ou dispersés par l’homme lors de la tonte d’une pelouse ou de la destruction d’un nid.
Les animaux qui mettent leur nez ou leur langue dessus risquent une forte réaction avec du prurit (démangeaison), un œdème de la face et une inflammation sévère des muqueuses buccales pouvant développer des nécroses. Yeux qui coulent, éternuements, vomissements, langue noire ou blanche avec de petites taches, sont autant de symptômes qui peuvent indiquer une réaction aux chenilles processionnaires.
Comment réagir ? « L’idéal est de rincer à grande eau le plus rapidement possible avec le l’eau ou une solution à base de bicarbonate alimentaire (3 doses d’eau pour 1 dose de bicarbonate). Mais, attention, il est primordial que le chien n’avale pas durant le rinçage, car la réaction peut s’étendre dans tout le tube digestif pouvant provoquer des saignements ou un œdème de Quincke. Pour les yeux, le rinçage à l’eau ou au sérum physiologique est recommandé. Il est également très important de porter des gants durant les soins, car les poils provoquent également des réactions chez l’homme. Il est ensuite nécessaire de consulter rapidement un vétérinaire pour une prise en charge adaptée. »
Le pronostic vital est rarement engagé. Toutefois, plus le délai de prise en charge augmente, plus les lésions peuvent être dangereuses. Dans le pire des cas et après plusieurs jours, pour un œdème sublingual, des bouts de langue peuvent tomber.
Les parasites
Il en existe deux grandes catégories : les parasites internes (endoparasites), comme les vers intestinaux, et les parasites externes (ectoparasites), comme les tiques et les puces. « Nous conseillons de traiter tous les trois mois pour les vers et toute l’année pour les puces et les tiques. Dès que la température atteint les 4°, les parasites sont présents », rappelle la vétérinaire avant d’ajouter : « Seulement 6% des animaux sont correctement traités contre les parasites ». Traiter son ou ses compagnons poilus c’est aussi protéger toute la famille. Il est bon de préciser qu’en Suisse, environ 5 à 30 pour cent (jusqu’à 50 pour cent par endroits) des tiques sont porteuses de la borréliose, plus connue sous le nom de maladie de Lyme qui touche chaque année 10’000 personnes.
Pour ceux qui voyagent avec leurs compagnons, notamment les chiens, il ne faut pas oublier les phlébotomes, des moustiques qui peuvent transmettre la leishmaniose. Une maladie parasitaire à l’origine d’affections cutanées ou viscérales très invalidantes et qui peuvent être mortelles si elles ne sont pas traitées. Ce moustique est notamment présent dans le sud : France, Italie, Espagne, Grèce, Bulgarie, Croatie, etc. Certains cas ont aussi été recensés en Allemagne et en Suisse.
Chiens, chats, bien évidemment, mais aussi lapins, cochons d’inde et tous les animaux qui sortent, ou sont en contact avec d’autres animaux qui sortent, doivent être traités. « Même les chats d’intérieurs, car l’homme peut facilement ramener des parasites à la maison. » Il s’agit de traitements préventifs qui sont efficaces entre 1 et 6 mois. Dans le cas des tiques, il s’agit de faire en sorte qu’elles ne s’accrochent pas ou qu’elles meurent en pompant le sang.
Par pipette, voie orale ou collier, les solutions sont multiples, tout dépend de l’animal et de son environnement. « Ceux qui ont des enfants préféreront la voie orale afin d’éviter tout contact avec les résidus du produit sur le pelage. Mais pour un chat, la pipette sera plus facile. » Les effets secondaires sont quant à eux minimes. « Vomissements ou diarrhée pour la prise orale, réaction cutanée, perte de poils ou petite irritation pour la pipette. Mais les effets secondaires sont bénins, tandis que le risque de maladies ou de problèmes de santé bien plus graves sont importants, tant chez nos amis à poils que les humains. Il faut donc établir une balance risque / bénéfice. Et je n’ai jamais vu un vermifuge tuer un animal. » Notons que certaines molécules sont à éviter chez les chiens porteurs de la mutation MDR1, ce qui les rend particulièrement sensibles à plusieurs classes de médicaments, dont les antiparasitaires.
Pour les réfractaires aux traitements chimiques, il existe des solutions. La plus coûteuse étant l’analyse de selles pour définir si l’animal est à risque pour les parasites internes. Dans le même esprit, les traitements naturels ont la cote. Notamment les huiles essentielles. Attention, car beaucoup sont toxiques chez les animaux et internet est loin d’être une source fiable. Rien ne vaut les conseils aiguisés d’un professionnel. « Il est tout d’abord impératif de savoir qu’il ne faut jamais appliquer une huile essentielle directement sur la peau. Quelques gouttes sur un bandana placé autour du cou d’un chien peuvent être une solution. Les chats, quant à eux, ont un odorat puissant, les huiles essentielles sont donc à éviter. Voici quelques huiles efficaces pour les traitements parasitaires : géranium rosat, lavande vraie, clou de girofle et tea tree. La camomille infusée peut quant à elle être appliquée directement sur le poil. Pour traiter l’environnement contre les puces, mélangez 200 ml d’eau, 4 cuillères à soupe de vinaigre de cidre et 5 gouttes de l’une des huiles précédemment citées. »
Que vous optiez pour les traitements chimiques ou naturels, il est tout de même conseillé d’épouiller tous les jours son animal pour rechercher les parasites externes et de surveiller les selles pour les parasites internes. En cas d’infestations récurrentes, rien ne vaut un traitement conventionnel. « Pour les tiques, je rappelle qu’il faut tourner la tête de la tique avant de l’arracher. »
Les allergies
Il existe trois catégories principales d’allergies chez les animaux : parasitaires, alimentaires et environnementales. Pour la première, les symptômes vont des démangeaisons, à la peau rouge en passant par la perte de poils. Certains ne supportent pas les piqûres de puces. « Il n’est pas nécessaire que l’animal soit infesté, une seule puce suffit », indique la directrice du cabinet vétérinaire du Molage. Dans les cas d’allergies parasitaires, un traitement régulier est nécessaire. « En été, les piqûres de guêpes sont elles aussi fréquentes, pouvant provoquer un œdème de la face important. »
Du côté de l’alimentation, deux solutions existent : une prise de sang pour déterminer quelle protéine l’animal ne supporte pas ou un régime d’éviction. « A savoir que le bœuf est très allergène. »
Finalement, les allergies environnementales sont les plus problématiques, car nous ne pouvons pas les éviter. Elles concernent les acariens, les pollens ou encore les plantes. La thérapie par la BioRésonance permet de trouver la source de l’allergie. Il s’agit d’une méthode thérapeutique qui consiste à enregistrer et à modifier, avec un appareil particulier, les ondes électromagnétiques émises par le corps.
Les traitements possibles contre les allergies sont la désensibilisation, les anticorps monoclonaux et les immunosuppresseurs. « Les shampoings, quant à eux, semblent nettement moins efficaces. » Relevons que certaines races sont plus sensibles, notamment ceux à la face plate.
Conclusion
Voilà de quoi aborder le printemps plus sereinement. Chaque animal est différent, il faut donc s’adapter et faire au mieux pour lui. Le cabinet du Molage vous donne rendez-vous cet été pour la deuxième partie de ce dossier sur les quatre saisons de nos compagnons. Nous aborderons les départs en vacances, les puces électroniques et les coups de chaleur.
- Photos : Pixabay et Florence Calès