Après 14 ans, elle a enfin retrouvé la route au mois d’avril
L’histoire sort de l’ordinaire et pour cause, différents corps de métiers se sont attelés à cette restauration unique qui s’est étendue sur plus d’une décennie. La plupart des pièces ont dû être fabriquées car elles n’étaient plus produites.
En 2011, la Carrosserie Nino, à Bex, se voit confier une mission incroyable : restaurer une Rolls Royce Fantôme 1 Springfield de 1927. Une berline de luxe emblématique, produite dans l’usine américaine de Springfield, au Massachusetts. « A l’époque, les chauffeurs qui étaient engagés pour conduire ce modèle devaient se former durant plusieurs jours pour apprendre à régler et à conduire ce véhicule », explique Jean-Alexandre Iannalfo de la Carrosserie Nino.
Une restauration en plusieurs étapes
Absolument tout est à refaire, de l’habitacle à la carrosserie. Un défi important que la carrosserie décide de relever, en précisant au client, un collectionneur, qu’il devra s’armer de patience. « Nous nous sommes chargés de toute la partie tôlerie. Les ouvrants sont en alu, alors que les ailes et le châssis sont en acier. Nous avons donc œuvré avec ces différents matériaux et fait face à de nombreux défis, comme par exemple la corrosion sur la carrosserie. Nous avons également réalisé le laquage des parties en bois visibles ainsi que la peinture sur les surfaces externes », précise Jean-Alexandre Iannalfo qui estime à plus de 1’000 heures le temps de travail, rien que pour la partie carrosserie.
En effet, l’entreprise bellerine fait également appel à des partenaires issus de différents métiers qui, eux aussi, passent de nombreuses heures sur cette restauration. Tout d’abord un sellier pour la partie intérieure tels que les sièges ou encore les panneaux de portes. Un vitrier pour les vitres. Mais aussi un menuisier pour toute la structure en bois de la voiture. La berline passe près de sept ans en mécanique. Encore un important challenge car il faut entre autres comprendre le fonctionnement du moteur. Alors qu’en sellerie, en menuiserie ou en carrosserie, les éléments sont réalisés à la main pour redonner sa véritable forme au véhicule, les pièces mécaniques, elles, doivent être reproduites par des entreprises spécialisées. « Pour donner un exemple, nous avons dû faire fabriquer quatre écrous de roues aux Etats-Unis. C’est unique et ça a un certain budget. »
Une aventure incroyable
Une telle rénovation possède sans conteste un caractère singulier, que ce soit dans la réalisation, en développant de nouvelles compétences ou dans la collaboration entre les différents corps de métier. « Le client se montrait très intéressé. Il venait régulièrement pour apprécier notre travail ou pour choisir les couleurs. On partageait ensuite un apéritif ou un repas. Son plaisir et sa confiance nous ont beaucoup touchés », relève Fabien Iannalfo avant d’ajouter : « Nous avons eu un plaisir immense à travailler sur ce projet, sur les formes à réaliser, sur les peintures à appliquer, sur les défis à relever. Nous avons pris le temps d’aller dans les détails, même si pour certains nous sommes peut-être les seuls à les remarquer. »
Le sourire du client à la remise des clés en dit long. « Nous avons tout de même passé quelques nuits blanches pour résoudre les difficultés rencontrées. Quand j’y repense, on était un peu fou. Mais c’était un beau challenge, sans doute l’une de nos plus belles réalisations à ce jour, et voir le résultat final est bluffant. C’est une page qui se tourne, tant pour le client que pour nous », conclut Jean-Alexandre Iannalfo.
- Photos : Z. Gallarotti et Carrosserie Nino