- Ecriit par N. de Santignac
À l’heure où j’écris ces lignes, le journal du nord vaudois, La Région, se meurt, et j’éprouve une profonde tristesse. Au-delà de celle-ci, j’aimerais nous inviter à repenser nos liens avec « Le Point Chablais », naturellement, mais plus généralement avec nos sources d’informations.
À l’heure des réseaux sociaux et de l’information en continu, il est souvent difficile de discerner le vrai du faux, et, de ce fait, de cultiver notre esprit critique afin de nous positionner. Lors de notre table ronde, organisée dans le cadre du « Point Jazz » en mars sur « L’importance des médias locaux dans la diffusion de la culture », mes invités, Romy Moret – journaliste indépendante, Circé Fuchs – membre du comité de l’association des amis de Bex et Arts, Xavier Borgeaud – rédacteur en chef de Radio Chablais, Serge Paccaud – fondateur de la Fête des Couleurs à Aigle, et moi-même avons discuté de la crise actuelle de la presse, mais aussi de pistes à explorer pour restaurer la confiance du lectorat. Celle-ci a été mise à mal au moment de la pandémie, et systématiquement minée par une volonté de contrôle de l’information depuis.
La presse locale représente un rempart contre cette hégémonie. En effet, lorsque j’écris un dossier sur le Projet d’Agglo en interviewant des parties prenantes de celui-ci, que je peux croiser tous les jours, ou que je rédige le portrait du nouveau Préfet de mon district, que je pourrais être amenée à solliciter, comment puis-je faire imprimer n’importe quoi ? Il n’y a pas de place pour les « Fake News » dans le cadre local.
Je considère que mon travail de journaliste est certes d’informer, mais également de créer et de cultiver des liens entre tous les membres de notre communauté. En effet, la culture, au sens large, représente le terreau au creux duquel nous construisons notre histoire commune, celle qui justement nous permet de faire société. La culture incarne une arme contre l’ignorance et l’obscurantisme.
Dans mon « Dictionnaire historique de la langue française », sous la direction d’Alain Rey, les mots « couture » et « culture » partagent une origine latine commune : « cultura ». Ce terme dérive d’une racine plus ancienne, « kwel », signifiant « s’occuper de » ou « cultiver et embellir son environnement ». Le mot « culte », qui exprime le respect et l’hommage voués à quelque chose ou à quelqu’un de sacré est né de la même racine.
Que vive la presse locale !
Texte : N. de Santignac