Cette question, Helga Pyroth la pose régulièrement. Malgré les regards interrogateurs, et après quelques explications, chacun se prête au jeu. Sa passion : tricoter des personnages. Et la ressemblance avec leur modèle est frappante !
Cela fait plus de cinquante ans que l’Aiglonne tricote. Mais c’est un voyage en Angleterre – pays du tricot – qui l’a amenée à se lancer dans la création de petits personnages. « Je suis tombée sur un livre qui détaillait cette pratique, alors je me suis lancée », explique-t-elle. Fini les pulls, les chaussettes et autres confections de ce type et place aux personnages.
Ces derniers sont créés avec les aiguilles les plus fines qui existent – 1.5 mm – et les détails ne manquent pas. Les pieds, les mains, les cheveux, les vêtements, tout y est, même les lunettes ! Et la ressemblance est frappante ! Il n’est alors pas difficile de reconnaître certaines personnalités qui ont trouvé leur place dans le magazine comme Pauline Bergonzo qui, avec Pro Senectute Vaud, organise des tables d’hôtes à son domicile ou encore le compositeur Michel Hostettler. Mais autant de précision ne se fait pas sans travail ; chaque personnage lui demande beaucoup de temps. « Environ une semaine en sachant que je ne tricote pas toute la journée. »
Helga Pyroth s’amuse de la manière dont elle aborde ses modèles. « Je leur demande : « Bonjour, est-ce que vous me permettez de vous tricoter ? » Et là ils me regardent bizarrement. Mais quand je leur explique, ils acceptent bien volontiers. Je prends alors une photo de la personne et je réalise ensuite le personnage. » C’est ainsi que depuis plus de vingt ans, Helga Pyroth s’adonne à cette activité et fait le bonheur de tous ceux qu’elle côtoie.
Plusieurs centaines de personnages
Dans son appartement, Helga Pyroth nous montre quelques-unes de ses créations ; elles sont nombreuses, mais ce n’est là qu’un tout petit échantillon, car la tricoteuse donne la plupart de ses personnages. « Ce serait dommage de les garder sous le lit », précise-t-elle.
L’un de ses travaux est tout simplement impressionnant. Il s’agit d’une reproduction du tableau « Le retour des vendanges » de Frédéric Rouge ; toile qui avait été exposée à l’Espace Graffenried à Aigle. Tout y est, même les accessoires : charrette, chevaux et paniers en osiers (ces derniers ne sont pas réalisés au tricot). Cette création a été donnée à l’association viticole d’Ollon dont l’une des étiquettes n’est autre que le « Caviste » de Frédéric Rouge créée en 1925. « J’admire ce peintre, il est extraordinaire », confie Helga Pyroth.
Actuellement, l’Aiglonne tricote ses voisins. Une série de personnages a déjà été exposée à l’entrée de son immeuble. Mais le travail n’est pas encore terminé ; au mois d’avril elle présentera la collection complète avant de donner ses personnages aux habitants concernés.
Helga Pyroth conserve des photos de ses personnages qu’elle se fait une joie de nous présenter. « J’ai tout tricoté ! », s’exclame-t-elle. En tournant les pages et en partageant les souvenirs qui y sont associés, l’Aiglonne est surprise : « Je m’étonne moi-même de tout le travail que j’ai réalisé. J’ai fait les enfants du Pedibus, les commerçants et municipaux d’Ollon, les musiciens de l’AMO (Automne Musical d’Ollon), les choristes de l’Ensemble Vocal du Chablais, les membres de mon club de gym et de yoga, des Père Noël pour les élèves de l’une de mes filles qui enseigne à Aigle – et ce durant vingt ans ! – et tellement d’autres choses encore… »
L’année dernière, la tricoteuse a réalisé tous les commerçants de la rue Farel à Aigle ; rien que ça ! Les personnages ont été exposés deux mois durant dans la vitrine d’Optique du Centre Moret. « Il m’a fallu six mois, mais j’ai tenu bon afin que la collection sorte pour Noël », se réjouit-elle.
Cette rencontre colorée était tout simplement magique. Souriante, modeste, passionnée et, surtout, douée, sont les adjectifs qui correspondent parfaitement à cette artisane pétillante. Alors si un jour vous croisez une femme qui vous demande si elle peut vous tricoter, vous saurez que c’est Helga Pyroth, la seule et l’unique !
- Photos : Zoé Gallarotti