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Dans la peau d’un mineur

Le 30 novembre, les Mines de Sel de Bex ont organisé une nouvelle édition de leur TrekkMines de la Sainte Barbe ; l’occasion de découvrir des galeries qui ne font pas partie du circuit touristique. Le Point Chablais a revêtu un casque afin de se mettre dans la peau d’un mineur, le temps d’une journée fortement sympathique. On fait le point.

 

 

Ce trek existe depuis plusieurs années et il attire les curieux d’ici et d’ailleurs. Certains viennent même de France pour participer à cette activité hors du commun. On peut même dire, pour faire le jeu de mot, que cette activité sort des sentiers battus. En effet, les participants sortent totalement du circuit touristique : un voyage dans le temps qui nous rappelle la vie, souvent difficile, de ces mineurs d’autrefois.

 

Point de départ

L’aventure débute à 9h30 avec le rassemblement de quelque nonante participants. Chacun se voit prêter un casque. Vous le constaterez par la suite, ce casque était fortement utile. Le groupe est ensuite convié dans la salle du réservoir rond dans laquelle quelques explications sont données.

 

On apprend tout d’abord l’histoire de Sainte Barbe. Il existe plusieurs versions concernant cette jeune vierge du nom de Barbara qui a vécu en Asie Mineure au IIIe siècle. Selon la légende populaire, suivant le souhait de son père Dioscore, elle vivait enfermée dans une tour à l’écart des hommes. Durant une absence de son père, Barbe se convertit à la religion chrétienne et fit percer sa tour d’une fenêtre en forme de croix. À son retour, Dioscore la livra au juge avant de l’exécuter de ses propres mains. En rentrant chez lui, il mourut foudroyé. Sainte Barbe est donc devenue la sainte patronne de tous ceux qui travaillent avec le feu ou la foudre ainsi que des jeunes filles, des agonisants et des prisonniers.

 

Cette histoire contée, ce sont les mines de sel de Bex qui sont présentées à travers un court film. On apprend qu’il y a 200 millions d’années, l’océan recouvrait complètement le pays. Lorsque la mer s’est retirée, le sel est resté trappé dans la roche des Alpes. L’histoire des mines débutent avec la découverte par des chèvres de plans d’eau salée. Après quelques tentatives artisanales pour extraire ce sel, ce sont les mines qui sont ensuite exploitées à partir du XVIe siècle. Notons qu’à cette époque, et jusqu’au XVIIIe siècle, de nombreuses salines virent le jour autour de la Mine de Sel de Bex. Le site de l’actuelle Saline de Bex existe depuis 1680. Deux siècles plus tard, en 1867, est créée la Société Vaudoise des Mines et Salines de Bex, dont la raison sociale changea en Saline de Bex SA en 2002 avant d’être intégrée au groupe Salines Suisses SA en 2014.

 

Une guide passionnée et attachante

Les participants sont ensuite séparés en trois groupes. Nous faisons la connaissance de notre guide : Nathalie Liechti-Zoller. Elle habite Gryon, et cela fait 29 ans qu’elle explore les mines de long en large. Elle avoue être déjà entrée dans les galeries en toute illégalité lorsqu’elle était adolescente. Curieuse et aventurière, son parcours était comme écrit. « Je voulais voir à quoi ressemblait le sous-sol du village », confie-t-elle. Chaque trek est une aventure et Nathalie s’adapte aux visiteurs, à leurs intérêts ou curiosités. Il faut dire qu’il lui faudrait plusieurs jours pour conter toutes les histoires et anecdotes qu’elle connaît sur les mines. Elle les a même entretenues des années durant et a ainsi eu l’occasion de faire des découvertes incroyables : « comme une paire de chaussures datant du XVIIe siècle ou une boîte de repas des années 40. » Mais ce qui lui plaît également dans ce labyrinthe qui comprend 53 kilomètres de galeries : « Observer la roche ou ces petites bêtes qui y vivent et qui sont parfois transparentes puisqu’elles évoluent dans le noir. Elles vivent en mangeant des déchets de souffre et de bois. » En ce qui concerne ses nombreuses connaissances sur le sujet, elle les tient des anciens de la région. « J’écoutais leurs histoires et je prenais des notes. » Nathalie Liechti-Zoller est aussi l’auteur de CD qui content l’histoire de plusieurs anciens du village de Gryon et de ses alentours. Elle a également collaboré à la rédaction d’un livre intitulé « Gryon : Village de charme, terroir d’exception ».

 

On allume les lumières

On y est ! Après avoir grimpé un sentier dans la forêt, nous entrons dans les mines par l’entrée du Coulaz. On se met en file indienne, on allume les lampes frontales, on vérifie que le casque est bien vissé sur notre tête et on entre dans les mines. Les galeries ont entièrement été creusées à la main : plus précisément au marteau et à la cisette. Les mineurs avançaient de 5 mètres par mois à plat et de seulement deux mètres en pente. Ils étaient également plus petits, ce qui nous oblige à baisser la tête régulièrement. Cela ne nous empêche pas d’entendre le bruit du casque qui s’entrechoque avec la pierre. Un son qui, à force, devient presque familier tant on l’entend souvent. On monte, on descend, on emprunte un escalier, puis un autre. « À droite ! ». Le message passe en fil indienne afin que les participants ne se perdent pas. « Attention à la tête ! » Mais rien n’y fait, ce son si familier se fait une nouvelle fois entendre, suivi de quelques rires. On découvre plusieurs salles plus grandes. On s’y arrête un instant afin de découvrir des anecdotes passionnantes : « Le mot «salaire» vient du mot latin «salarium», qui désignait d’abord la ration de sel distribuée aux soldats romains, puis la somme d’argent qui leur était versée pour acheter du sel. Un oiseau était emmené dans une cage et si ce dernier tombait dans les pommes ou mourait, les mineurs savaient alors qu’il y avait du gaz ; ils changeaient alors de galeries. Ou encore, les mineurs gauchers étaient mieux payés car moins nombreux ; à cette époque, les droitiers creusaient à gauche et vice versa. » On traverse environ trois kilomètres de galeries qui ne sont plus exploitées, mais uniquement entretenues. On découvre des vestiges, comme des objets, outils ou troncs d’arbres employés comme canalisation. Le parcours est simple, il y a même des enfants. Toutefois, le retour par le Grand Escalier, qui compte 734 marches, nous a donné quelques courbatures. Heureusement, à la chambre de la roue, un petit apéro nous était offert avant la descente afin de nous redonner quelques forces. On rejoint finalement le circuit touristique. Le repas qui nous attend dans la Taverne du Dessaloir se fait sentir ; la raclette n’attend plus que nous. Pour terminer cette incroyable visite, on ressort des mines avec le petit train.

 

Cette journée était incroyable avec une parfaite organisation. On conclura cette expérience avec une réflexion de notre guide : « L’exploitation du sel à Bex devrait se poursuivre ces deux cents prochaines années. Toutefois, est-ce qu’il y aura assez d’eau ? Telle est la question. »

Informations

Prochain TrekkMines de la Sainte Barbe : 2020
Prix : 67.50 francs (adulte) – 47.50 francs (enfant de 8 à 15 ans)

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Article écrit par

Zoé Gallarotti

Zoé Gallarotti

Rédactrice en chef

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