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La guerre du sac plastique

Apparu en Suisse dans les années 1970, le sac plastique fait maintenant partie de notre quotidien. Près de 3000 tonnes sont utilisées pour le transport ou l’emballage de produits alimentaires et les deux plus grands distributeurs, Migros et Coop, en consomment 240 millions de pièces par an. Le sujet fait pourtant polémique, et si, depuis plusieurs années, le pays se mobilise pour l’interdiction de ce dernier, d’autres estiment que le sac plastique n’est pas une plaie pour notre environnement. Qu’en est-il réellement?

 

 

Les sacs polluants et les autres
Chaque type de sac a un impact sur l’environnement. Il existe de multiples plastiques dont la dégradation varie considérablement d’un type à l’autre. Ne pas confondre donc le sac en polyéthylène avec le sac biodégradable.

 

Le premier, qu’on trouve dans les centres commerciaux, est composé de polymères obtenus à partir d’un déchet du pétrole: le naphta. Les sacs en polyéthylène ont une durée de vie qui peut aller jusqu’à quatre siècles, s’ils sont stockés à l’abri de la lumière et des intempéries. Ces sacs n’ont en fait rien de «bio» car la fragmentation est obtenue par un procédé physico-chimique et non par un processus biologique. L’introduction dans le polyéthylène d’un sel de métal va le rendre oxydable, hydrophile, lui donnant tout de même un gros avantage: en présence d’oxygène sous l’effet de la chaleur, et des UV, dans l’environnement, il perd sa résistance mécanique, se fragmente, disparaît visuellement en seulement quelques semaines avant de se  biodégrader. Ce qui dispense les pouvoirs publics de devoir collecter et traiter les sacs dispersés dans la nature.
Les sacs biodégradables sont quant à eux formés d’un plastique végétal composé de 40 ou 50% de produits naturels. Ils réintègrent, après usage, les cycles de la nature, ce qui n’est malgré tout pas une raison pour les jeter n’importe où. Ces sacs se biodégradent totalement en quelques mois, soit par compostage, soit par enfouissement dans la terre, mais ne sont pas recyclables sur les circuits traditionnels de récupération. Les sacs biodégradables représentent un nouveau marché pour l’agriculture et ces produits sont moins consommateurs de réserves fossiles et émetteurs de gaz à effet de serre que les sacs plastiques. Mais avec la généralisation de ce type de produits on est en droit de se demander si ces sacs biodégradables ont un avenir durable. Ils coûtent environ trois à quatre fois plus cher que les ordinaires, cela est notamment dû à la différence de coût des matières premières; toutefois, avec l’augmentation du prix du pétrole, la différence de ce coût va probablement se réduire. Mais l’industrialisation en gros de ces sacs biodégradables pourrait amener  l’utilisation d’OGM ainsi qu’à une augmentation de la consommation de gazole (engins agricoles), d’engrais, de pesticides, etc.

 

Les pour et les contre
Alors que, d’un côté, les écologistes grincent des dents quant à l’impact de ces sacs sur l’environnement, d’autres soutiennent que ces derniers ne constituent qu’un pourcentage infime des déchets (soit environ 2%), et que l’interdiction des sacs plastiques est disproportionnée, par rapport à l’économie de pétrole escomptée. Encore une fois, les grands de ce monde décident des enjeux de notre planète, on le remarquait déjà pour la voiture à l’eau (et oui ça pourrait exister si le marché pétrolier n’avait pas tant d’importance!). On n’argumente pas non plus sur le fait qu’une telle interdiction rendrait difficile la surveillance de l’application de cette mesure, notamment pour l’importation de sacs en plastiques de pays étrangers.  

 

La durée de vie d’un sac plastique de caisse est de 25 minutes en moyenne, un véritable gâchis, car l’empreinte écologique de la Suisse est loin d’être un exemple, car si le monde entier vivait avec notre train de vie, il faudrait 2,8 planètes Terre. Pourtant, une interdiction globale ne renverserait pas totalement la balance. Le bilan écologique d’un sac en papier est moins bon que celui des sacs plastiques en raison de la grande quantité d’eau que nécessite le recyclage. Donc, les bénéfices d’une interdiction dans notre pays restent minimes. Les 3000 tonnes de sacs plastiques utilisés correspondent à tout juste 0,5 pour cent de la consommation annuelle d’environ 850 000 tonnes de matières plastiques en Suisse. La réutilisation des sacs plastiques et le recours à des sacs durables permettraient d’économiser quelques centaines de tonnes de matières plastiques seulement.

 

Où en est la Suisse?
Après plusieurs années à argumenter les pour et les contre d’une telle interdiction, le Conseil national a accepté, au mois de juin dernier, une motion visant l’interdiction des sacs plastiques en magasins. Si les sachets en plastiques des rayons fruits et légumes demeureront, ceux des caisses seront remplacés par des cabas biodégradables ou réutilisables, par exemple en toile ou en polypropylène. Le 12 juin, le Conseil national a voté l’interdiction des «sacs de caisse», et la motion a donc des chances de passer au Conseil des Etats, mais rien n’est encore décidé, notamment parce que le Conseil fédéral propose de la rejeter.

Informations

Sources: «Le Temps», les Verts-Jura, Serbeco, Office fédéral de la statistique et le Parlement suisse.

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Article écrit par

Zoé Gallarotti

Zoé Gallarotti

Rédactrice en chef

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