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Peaux de chagrin

Le 1er janvier 2013, la loi sur la protection des animaux qui interdit le commerce et l’exportation des peaux de chat est entrée en vigueur. Votée en 2008 par les deux Chambres du Parlement suisse, elle fait suite à la campagne intensive des défenseurs des animaux pour que la Suisse rejoigne ses voisins européens dans l’interdiction formelle de cet odieux trafic.

 

Il aura fallu l’obstination et le dévouement d’une ardente défenderesse de la cause féline, Tomi Tomek, fondatrice de SOS Chats, pour qu’enfin le public prenne conscience de ce marché méconnu mais bien réel. Militant depuis plusieurs années contre l’abattage des chats à l’étranger, elle découvre par hasard que des tanneries suisses proposent des peaux de chats à la vente. Se faisant passer pour une cliente, elle réussit à se faire envoyer les fourrures sans problème. Glanant quelques informations auprès du vendeur, elle apprend que les félins sont tués par des tirs de gardes-faune ou de paysans, mais, étrangement, sur les peaux reçues aucune trace d’une quelconque blessure par balle, ce qui sous-entend une manière d’abattage bien plus cruelle.

 

Dans le même temps, la disparition inquiétante de plusieurs centaines de chats de l’autre côté du Léman, sur sol français, fait naître des doutes quant à un possible trafic en lien avec la Suisse, qui, elle, autorise toujours le tannage, le commerce et l’exportation.

 

Une pétition est lancée pour faire plier la justice helvétique et ainsi éviter à notre pays de devenir une plaque tournante d’un commerce inadmissible.

 

Soutenue par la Fondation 30 Millions d’Amis et par plusieurs célébrités, elle recueille de 270 000 signatures, ce qui fera pencher la balance et permettra de déposer, en décembre 2007, une motion au Conseil national demandant une révision partielle de la Loi sur la protection des animaux. La loi interdisant le commerce et l’exportation des peaux de chats (et de chiens) est acceptée par le Conseil des Etats le 18 septembre 2008, complétant la loi de 2005 interdisant son importation.

 

Traditions paysannes et vieilles croyances

Dans la société occidentale, les animaux domestiques tiennent une place importante au sein des foyers. En Suisse, on compte 1,35 million de chats et 500 000 chiens. Dès lors, penser qu’on puisse abattre nos compagnons à quatre pattes afin de récupérer leur fourrure est un acte qu’on s’imagine impossible dans un monde dit civilisé comme le nôtre.

 

Pourtant, dans notre pays, l’abattage des chats pour leur peau fait partie des traditions paysannes. L’office vétérinaire admettait à demi-mots qu’un tel commerce était possible mais qu’il n’était pas illégal, car, jusqu’à preuve du contraire, en Suisse on ne tue pas des chats pour leur fourrure .Bien que peu lucrative – entre cinq et sept francs payés par les tanneurs par peau – ce procédé sert avant tout à réguler la population féline dans les campagnes et ainsi éviter les frais onéreux d’une castration ou d’une stérilisation. Ce commerce marginal compte pourtant bien des adeptes qui attribuent aux peaux de chats des vertus contre les rhumatismes. Des bienfaits qui, même s’ils n’ont jamais été prouvés, sont toujours prônés par des professionnels de la santé aux méthodes et aux croyances quelque peu ancestrales !

 

L’Europe ouvre les yeux sur l’horreur

En juin 2007 le Parlement européen adopte l’interdiction du commerce des fourrures de chats et de chiens dans l’Union européenne. Ce message fort envers l’industrie de la fourrure reflète la pression exercée par les associations de défense des animaux. Le public découvre horrifié le massacre perpétré par les pays asiatiques et surtout la Chine, sur des animaux choyés chez nous mais qui subissent des traitements ignobles afin d’alimenter un business florissant dans les pays occidentaux

 

C’est en toute légalité que, durant la période qui s’étend d’octobre à février, la Chine massacre plus d’un demi-million de chats. Transformées ou brutes, les fourrures sont expédiées aux quatre coins du monde.

 

Malgré la prise de conscience au début des années 2000 et les interdictions qui sont votées en masse, la marchandise continue à alimenter le marché européen. En cause notamment la libre circulation des marchandises qui rend ce trafic difficilement contrôlable, et surtout les fraudes aux étiquettes commises entre les acheteurs et les vendeurs asiatiques permettant une revente facilitée. Modifiant la composition réelle et l’appellation d’origine, les peaux trouvent preneurs sous d’autres noms, voire même en tant que fausse fourrure. Il faut dire qu’une fois teintes les peaux sont difficilement identifiables.

 

Peu onéreuses, elles servent à agrémenter certains vêtements, à fourrer des bottes, à créer des doublures ou à confectionner divers jouets et friandises à mâcher pour animaux.

 

Fin d’un trafic?

En janvier 2013, Tomi Tomek a réussi à piéger quelques tanneries en se faisant envoyer de la marchandise bien que la loi soit désormais en vigueur. Une plainte a été déposée. Malgré cela elle reste confiante, attribuant cela à la volonté des tanneurs d’écouler leur stock restant.

 

«On ne pourra pas éviter que quelques ventes se fassent encore «sous la table», mais dorénavant les tanneurs risquent gros, et, comme ils tiennent à leur réputation, on se dirige vers l’éradication de cette abomination.» Dorénavant, quiconque enfreint la loi risque une amende pouvant s’élever à 20 000 francs au plus.

 

Quant à Tomi Tomek, malgré sa comparution prochaine devant la justice, suite aux plaintes déposées par ces mêmes tanneries l’accusant d’avoir forcé ces ventes, elle continue à lutter contre toutes formes de maltraitance envers les animaux avec passion et abnégation.

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Article écrit par

Stéphanie Ceccon-Renevey

Stéphanie Ceccon-Renevey

Journaliste

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